25 Mar
25Mar

Les courants que nous allons étudier ici se réclament tous de Ahlou Sounnah Zal Jama'a, et se fixent comme objectif général l'installation d'une société islamique où la Shari'a sera intégralement appliquée.

Ceci malgré leurs approches différentes et leurs stratégies distinctes:

1- LE SALAFISTE

Le salafiste est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l'Islam des origines; fondé sur le Coran et la Sunna. Aujourd'hui, le terme désigne un mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d'une mouvance traditionaliste et d'une mouvance djihadiste. Toutes ces mouvance affirment constituer la continuation sans changement de l'Islam des premiers siècles.

Etymologiquement, "salafisme" (en arabe: as-salafiyya) provient du mot salaf, "prédécesseur" ou "ancêtre", qui désigne les compagnons du prophète Moha,,ad et les deux générations qui leur succèdent.

Les origines: La volonté de retrouver l'islam des salaf dans sa pureté n'est pas récente. Par le mot salaf, les théologiens musulmans désignent Mohammad et ses compagnons (en particulier les quatre premiers califes), ainsi que les deux générations qui les suivirent, la tabi'un et les tabi' at-tabi'in. L'expansion de l'islam est généralement attribuée à la pureté de la foi des salafs. On trouve chez Ahmad Ibn Hanbal, au IXe siècle, la première interprétation littéraliste de l'islam, appuyée sur un appel aux ancêtres et une condamnation des innovations théologiques. Ibn Taymiyya y a également recours au XIVe siècle, alors qu'un même moment, le Moyen-Orient subit les invasions mongoles. Ibn Taymiyya et ses élèves (Ibn Al-Qayyim et Ibn Kathir) sont ainsi une principales références des mouvements salafistes contemporains.

Les mouvements salafistes contemporains prennent toutefois naissance dans la prédication de Mohammad ben Abdelwahhab, au XVIIIe siècle. Pour lui, le déclin des pays musulmans face à l'Occident résulte de l'oubli du message originel de l'islam, étant avili par des populations sédentaires et superstitieuses parmi des aristocraties raffinées et laxistes. Il prêche ainsi une lecture littéraliste et puritaine de l'islam, s'inscrivant dans la tradition hanbaliste et s'inspirant de Ibn Taymiyya. Dans sa prédication, il s'allie avec Mohammed ben Saoud, fondateur de la dynastie et qui dirige encore aujourd'hui l'Arabie saoudite. Les partisans de Mohammed bed Abdelwahhab seront plus tard appelés wahhabites par Soulayman ben Abdelwahhab; le propre frère du fondateur de cette doctrine mais les partisans du prédicateur préfèrent se faire appeler Ahl at-Tawhid (Les gens de l'unicité). Ainsi, depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui le wahhabisme est la doctrine religieuse officielle de l'Arabie saoudite. Dès lors, le slafisme devient une idéologie politico-religieuse dont la pensée sera largement diffusée successivement par les principaux prédicateurs de l'Etat saoudien moderne, en tête les oulémas Mohammed ibn Ibrahim Ali ach-Chaykh, Abdel Aziz ben Baz et Mohammed ibn al-Uthaymin.

Le Cheikh Mouhammad Ibn Abdel Wahaanb naquit en 1703 et décédé en 1781, est considéré comme le fondateur de ce courant qui est par ailleurs caractérisé par:

La nécessité du retour au Coran et à la Sunnah sur la base de la compréhension de Salaf Salih.

L'appel à l'unicité de Dieu (Attawhid) conformément aux pratiques de la première génération des musulmans.

Ressusciter l'obligation du Jihad.

Eradiquer toute pratique culturelle basée sur l'innovation (bid'a), l'associationnisme (shirk) et les superstitions.

Interdire la construction ou l'embellissement des tombes ainsi que leurs visites afin d'y espérer une bénédiction de la part de ceux qui reposent.

Et enfin interdire toute forme d'intercession. Si ce n'est pas par les beaux attributs de Dieu ou les bonnes œuvres.

Eléments théologiques communs aux courants salafistes 

Les divers courants salafistes se perçoivent comme un mouvement de renaissance de l'islam, par un retour à la foi des origines celle des "pieux prédécesseurs". Ils rejettent tout ce qu'ils perçoivent comme des interprétations humaines postérieurs à la révélation du prophète. Il s'agit donc d'un mouvement réformiste qui condamne à la fois les pratique de l'islam populaire, accusées d'être des "superstitions", mais également une grande partie de la réflexion théologique musulmane, considérée comme porteuse d'"innovations", c'est-à-dire de création de la raison humaine s'éloignant du message divin. Les salafistes refusent également toute influence occidentale; en particulier la démocratie et la laïcité, qu'ils accusent de corrompre la foi musulmane.

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Les différentes tendances salafistes contemporaines

Le salafisme de prédication 

Cette tendance salafiste, développée en particulier par des imams proches du régime saoudien, refuse la voie djihadiste qui cherche à imposer un régime musulman par l'action violente et révolutionnaire. Cette voie lui semble vouée à l'échec. Une des grandes figures de cette tendance, des années 1960 jusqu'à sa mort en 1999, le cheikh Muhammed Nacer ad-din al-Albani, déclarait ainsi qu'"Il fait partie de la [bonne] politique, aujourd'hui, de délaisser la politique". Par là, il entendait que l'action politique la plus efficace passe davantage à travers la prédication d'une foi régénérée, de la ré-islamisation des sociétés musulmanes, plutôt que d'une action directement politique de prise de contrôle du pouvoir.

Pour al-Albani, il était donc nécessaire de poursuivre une stratégie du "at tasfiyatu wa tarbiyah" (la purification et l'éducation): d' une part, régénérer la foi en la purifiant des "innovation" théologiques l'éloignant de la foi authentiques, celle des origines, telle qu'il la définissait; d'autre part, éduquer les musulmans à cette foi régénérée, de manière à ce qu'ils abandonnent toutes leurs pratiques religieuses antérieures, jugées corrompues. C'est de la diffusion générale dans la société de cette piété que doit naître le changement politique.

Cette tendance salafiste poursuit donc une stratégie de "ré-islamisation" des sociétés musulmanes à travers une prédication non violente et non directement politique. Elle entend transformer ces sociétés à travers la diffusion d'une foi littéraliste qui doit les régénérer et leur donner, ainsi, la prééminence dans le monde.

Ces salafistes, souvent proches du pouvoir saoudien, critiquent les salafistes djihadistes qui cherchent pour certains à renverser la famille royale saoudienne. Ils critiquent également les Frères musulmans, accusés de ne pas suivre une pratique rigoriste de l'Islam, d'oublier le principe du tawhid, et de chercher à obtenir le pouvoir plutôt que de sauver les âmes des musulmans en transformant leurs pratiques religieuses.

Le salafisme djihadistes

Cette mouvance du salafisme se refuse à limiter l'action religieuse à la prédication et fait du djihad le cœur de son activité. Les salafistes de cette tendance sont ainsi favorables au combat armé, afin de libérer les pays musulmans de toute occupation étrangère mais également de renverser les régimes depays musulmans qu'ils jugent impies pour instaurer un Etat authentiquement islamique.

Cette tendance salafiste est née, dans les années 1980, en Afghanistan, à l'occasion de la guerre contre l'occupation soviétique. Durant cette guerre, des salafistes venus d'Arabie saoudite ont rencontré des Frères musulmans. Cela les a conduits à intégrer au discours politique des Frères musulmans la prédication littéraliste traditionnelle des salafistes; centrée sur la piété et la moralité. Pour ces salafistes, les salafistes traditionalistes, favorables à la seule prédication, en particulier les Cheikhs proches des autorités saoudiennes, comme Ibn Baz et Ibn 'Uthaymin, sont alors apparus comme des hypocrites, à la solde des Etats-Unis. D'autre part, ces salafistes critiquent plus encore les Frères musulmans qui sont condamnés en raison de leur foi jugée insuffisamment littéraliste et, pour les plus modérés des Frères, pour leur engagement dans le jeu politique d'Etats jugés impies et devant être éliminés par la force.

Cette tendance poursuit donc une stratégie révolutionnaire violente qui vise à renverser les Etats des pays musulmans pour instaurer un Etat islamique par la force. Cela les conduit également à entreprendre des actions violentes à l'encontre des pays occidentaux perçus comme les soutiens de ces Etats, en particulier les Etats-Unis.

Chacun de ces courants salafistes prétend incarner le vrai salafisme et critique les autres courants de manière virulente.

Critique du Salafisme

Au sein du monde musulman, le mouvement salafiste contemporain est l'objet de vives critiques. On lui reproche, en particulier, d'avoir une compréhension étroite des différents textes religieux, notamment du Coran et de la Sunnah, en privilégiant une approche littéraliste, et en négligeant le contexte d'écriture et l'esprit de ces textes, aussi bien dans le domaine théologique que jurisprudentiel.

On peut étudier le courant jihadite à travers Al Jama'a al-Islamya d'Egypte. Cette association est née au début des années 70 dans les universités Egyptiènnes après le démentiellement du mouvement des Frères Musulmans par le régime de Jamal Abdou Nasser.

Ce courant appelle au djihad (considéré comme obligation cachée) à l'édification de l'Etat islamique et à la renaissance du Califat.

Il serait utile de signaler que ce mouvement est plus connu sur le plan médiatique sous le vocable "Jama'atoul Jihad". Parmi ses plus célèbres dirigeants, on peut citer le Docteur Omar Abdou Rahmane qui a été l'objet d'emprisonnement pendant plusieurs années sous les régimes de Nasser et Sadate. Cela avant de s'installer définitivement aux USA où il a aussi connu un emprisonnement.

On peut résumer les principes qui fondent ce mouvement en:

La finalité: l'obtention de l'agrément de Dieu et se conformer aux enseignements du Prophète Mohammed (PSL).

La foi: celle de Salaf Salih (les devanciers vertueux).

La compréhension: la globalité de l'islam.

L'objectif: Amener les gens à une meilleure adoration d'Allah (SWA) et à la réinstallation du Califat selon l'époque médinoise.

La stratégie: Ordonner le bien, interdire le mal et mener le Jihad.

Pour les adeptes de ce courant, le Jihad consiste à affronter l'ennemi même si on devait y perdre la vie. Pour eux, ce combat ne saurait se limiter aux moyens pacifiques tels que la parole, le sermon, l'éducation ou l'action politique qu'ils considèrent des actes de poltrons ou d'irresponsables. Ce courant appelle enfin à:

La nécessité de combattre tout dirigeant rejetant d'appliquer la Sharia.

La destitution de tout leader qui ne respecte pas les enseignements de l'islam.

Considérer tout dirigeant qui n'applique pas la Sharia comme mécréant qui par conséquent doit être combattu.

En résumé, nous pouvons constater que les courants du mouvement islamique contemporain (Sunnite) se partagent un dénominateur commun à savoir: Appel au retour au Coran et à la Sunnah, à l'application de la Sharia et à la lutte contre toute idéologie anti-islamique. Et ceci malgré leur différence dans leurs stratégies et méthodes d'action.

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LE COURANT TABLIGHITE

Le Tablighi djama'a ou la djama'at al-tabligh (en arabe: جماعة التبليغ), c'est-à-dire en français, l'Association pour la prédication, est un mouvement religieux musulman revivalist. De nature apolitique, il est fondé à la fin des années 1920 dans la province indienne. L'activité missionnaire de ce mouvement vise à faire revivre la foi des musulmans du monde entier, dans le cadre d'une interprétation littéraliste de celle-ci.

En Arabe, tabligh signifie "délivrer [le message]" et le Tablighi Jamaat présente sa mission comme visant à faire revivre cette obligation de prédication au sein de l'islam. Le Tablighi Jamaat appuie son existence sur la sourate 3veset 100 du Coran: "Afin que vous deveniez un peuple appelant les autres au bien, ordonnant les bonnes actions et défendant les mauvaises. Les hommes qui agiront ainsi seront bienheureux."

Historique: Il est fondé par Muhammad Ilyas al-Kandhalawi (en) (1885-1944), musulman pieux, grand savant renommé et continuateur de l'oeuvre de son père Muhammad Ismail (1835-1898), commencée en 1880. Muhammad Ilyas Kandhalawi est le créateur du sloganAye Musalmano! Musalman bano ("Musulmans! Soyez des musulmans."). Le mouvement s'était donné initialement pour mission de transformer les hindous convertis qui pratiquaient l'islam sous une forme hétérodoxe (du fait de leur culture, plus hindoue que musulmane) en "musulmans complets".

Ses missionnaires l'ont ensuite implanté, d'abord dans les pays musulmans au cours des années 1940, puis dans les pays occidentaux au cours des années 1950 et 1960. Aujourd'hui ce mouvement est présent de partout dans le monde. La prédication du mouvement vise essentiellement les populations musulmanes de ces pays; et cherche à faire revivre leur foi, dans le cadre d'une interprétation littéraliste de celle-ci. Leurs activités se limitent par conséquent en général à la communauté musulmane.

Pratique: Les Tablighis ont une interprétation littéraliste des principaux préceptes de l'islam. Ils s'efforcent ainsi de suivre à la lettre les codes et préceptes du droit islamique. Leur pratique est basée sur six qualités (Sita Sifates), parmi les nombreuses qualités que possédaient les compagnons de Mahomet:

  1. La certitude sur Dieu (al yaqine) et le chemin du prophète de l'islam Mohammad (sunna)
  2. La prière avec concentration et dévotion (salat dat al khouchou'oua al khoudou')
  3. La science et le rappel perpétuel de Dieu (al Ilm wa al Zikr)
  4. La Générosité envers les musulmans (Ikram al Musminie)
  5. La correction de l'intention et la sincérité (Tashih al niya oua ikhlasouha)
  6. Le preche vers Allah avec la sortie sur le sentir d'Allah (Da'wa ila Allah bil Khourouj fi sabililah)

Cette activité missionnaire n'est pas politique, et ne vise que la transmission d'une pratique musulmane fondamentaliste. En cela, les Tablighis se démarquent d'autres mouvements musulmans revivalistes, notamment les salafistes, dont la prédication a un contenu politique explicite beaucoup plus marqué.

Le mouvement fonctionne sur le système de la concertation (Al Machoura), à différents échelons. Par ailleurs, des savants, et qui constituent la "machoura", s'efforcent de veiller à l'orthodoxie des pratiques des membres, à qui l'on conseille de sacrifier de leur personne, de leur temps et de leur argent, dans le sentir d'Allah, comme l'ont fait les compagnons (As-Sahabas).

Le mouvement tabligh fait l'objet de critiques. Leurs concurrents et wahhabites dans la prédication, comme par exemple en Inde, les accusent notamment de prêcher des croyances erronées qui n'appartiennent pas à l'islam.

Nous pouvons résumer la conception islamique de ce courant en ce qui suit:

L'association At Tabligh est convaincre que la méthode la plus pertinente pour éradiquer Al Mounkar (le mal), c'est de purifier les musulmans individuellement.

Elle croit que le Khouroudj (Sortie) et l'appel à l'islam (Da'wa) constituent le moyen le plus efficace pour éduquer spirituellement le prédicateur; l'amener à cnsentir des sacrifices dans la voie divine.

Elle croit que le Soufisme est la voie la plus indiquée pour goûter les délices de la foi.

Les adeptes de ce courant ne discutent pas de la politique. Toutefois, ils disent que la meilleure manière de faire de la politique est de s'éloigner d'elle.

Nous constatons que leurs appel connaît souvent une expansion quantitative, car la qualité exige un suivi, un contrôle et une évaluation. Toutes choses qui sont souvent absentes dans leur stratégie.

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