DEUXIEME PARTIE
LE SACRIFICE
CHAPITRE I
LE SACRIFICE DANS LES RELIGIONS ANTERIEURS A L'ISLAM
1-Extension du système des sacrifices et les genres de victimes
L'étude de l'histoire des religions nous montre que l'idée de se rapprocher des objets d'adoration en offrant des holocaustes et en présentant des offrandes, de considérer ceux-ci comme une échelle sur laquelle s'élèvent les souhaits du monde terrestre et ses craintes du monde céleste et de s'en servir comme intermédiaires pour se procurer ce que désirent les individus et les communautés ou éloigner les dangers qui les menacent est vieille comme l'humanité. Ils sont restés liés à la pensée religieuse, à ses différentes étapes et subsisteront tant que survivront les croyances et les dévotions. Pas une religion n'a omis ce rite qui n'est exclu de la vie d'aucun peuple. On le retrouve dans les religions totémistes, chez les adorateurs du feu, les idolâtres, le Sabéens, les Manichéens, les Astrolâtres, les adorateurs des animaux, tout aussi bien que dans les législations des juifs, des chrétiens et des musulmans.
On le relève dans les manifestations religieuses les plus simples et les plus instables aussi bien que dans les formes les plus sublimes et les plus précises. Bien ne témoigne de leur ancienneté et de leur extension mieux que le fait de les voir cités dans tous les livres de l'Ancien Testament. Le Coran nous parle des différentes formes qu'ils revêtent depuis Adam quand il dit:
"Communique-leur, selon la vérité l'histoire des deux fils d'Adam quand, ils offrirent une oblation et que celle de l'un fut acceptée tandis que l'autre ne le fut point".
Les victimes des sacrifices étaient tantôt des êtres humains tantôt des plantes et leurs dérivés comme nous le montrerons dans les chapitres suivants.
2-Les Holocaustes
Il semble que les victimes des sacrifices sous leurs formes les plus primitives aient été des êtres humains. Les différences étaient simplement dues à la diversité des peuples, des législations, des raisons qui poussaient au sacrifice et des circonstances qui favorisèrent le progrès. Tantôt des victimes étaient des femmes, tantôt des enfants tantôt des jeunes gens et parfois, des vieillards. Néanmoins l'investigation nous permet de déduire que chez les différentes nations et au cours des différentes étapes de l'histoire les victimes humaines étaient principalement de deux sortes: on sacrifiait des enfants, garçons ou filles, en particulier les premiers nés, soit de jeunes vierges.
Il semble que les victimes qui entraient dans aucune de ces deux catégories étaient des prisonniers de genre des esclaves et des condamnés. Cependant les victimes assez souvent étaient de la classe aristocratique. Plusieurs nations présentaient leurs rois comme victimes à leurs dieux. Cette dévotion sanguinaire était répondre chez de nombreux peuples aussi bien primitifs que civilisés.
Parmi les autochtones de l'Amerique plusieurs tribus pratiquaient cette coutume. Une partie des sacrifices des tribus Peaux Rouges de l'Equateur comprenait des victimes humaines offertes aux dieux des plantes pour étancher leur soif et les poussaient ainsi à bénir la terre et à veiller à ce que les récoltes fussent abondantes. Les Aztèques autochtones du Mexique présentaient des victimes humaines en grand nombre en de nombreuses circonstances, 50000 environ par an, la majorité notamment aux dieux du mais, car cette denrée était à la base de la nourriture de ces peuples. Le corps de la victime était broyé par deux pierres qui se faisaient face puis, on donnait à la victime un coup sur le dos et un autre sur la poitrine. La coutume voulait que la victime fut d'un âge correspondant à celui du mais au moment de l'holocauste: un nouveau né à l'époque de la germination de la plante, un homme en pleine maturité pour une plante formée et entre les deux phases un adolescent. Ils croyaient que la similitude entre l'âge de la plante et la victime avait un effet efficace sur la croissance et l'abondance de la récolte.
Cette pratique était répandue aussi parmi les tribus autochtones de l'Afrique Centrale et Occidentale. Les victimes humaines dans ces régions étaient de jeunes vierges, élevées pour cette fin dans les palais des rois et des chefs. Les chefs de la religion se chargeaient d'elles et en prenaient soin pour les présenter aux dieux. Cette pratique se répandit aussi parmi de nombreuses tribus de l'Inde et de l'Indonésie et de l'Indochine et de le Birmanie. Leur holocauste avait pour but d'augmenter et d'influer sur les germinations des plants et l'abondance des récoltes.
Les tribus de Chane et de Magase empoisonnaient leurs victimes et enterraient leurs cadavres dans des champs. Les tribus d'Augamie chassaient leurs victimes parmi les passants. Les tribus du Kurdistan achetaient leurs victimes parmi les esclaves et veillaient à leur offrir la meilleure nourriture et la meilleure boisson; on leur donnait tout ce qui pouvait leur faire plaisir: on les engraissait et on permettait à leur corps de se développer. Ainsi ils pouvaient être agréables aux dieux et assouvir leur soif. Cette pratique était répandue aussi chez les Anciens Egyptiens. Des victimes étaient offertes aux plantes afin d'augmenter le rendement du sol, la coutume voulait que les victimes fussent brulées et leurs cendres répandues sur les champs. Il y avait parmi les victimes des hommes aux cheveux blonds car cette couleur ressemblait à cette des plantes au moment de la maturité et de la moisson. Quelques-unes des victimes étaient sacrifiées en l'honneur d'Osiris dabs des temples répandus à travers l'Egypte ancienne. D'autres étaient offertes pour le repos de l'âme des morts et afin de les servir dans leur tombe. Généralement ces dernières victimes étaient choisies parmi les esclaves de la suite du mort et de ses épouses. On offrait aussi des victimes au dieu Nil qui était selon toute apparence l'un de leurs dieux les plus importants. Une jeune fille était jetée dans le fleuve pour s'attirer des grâces et afin qu'il couvrit la vallée de ses bienfaits. La victime était choisie parmi les filles nobles afin que son rang corresponde à celui du dieu auquel elle était offerte. On raconte que cette coutume persista dans le pays et ne fut abolie que par Omar Ibn al-Khattab.
Il rédigea une lettre qui fut jetée dans le fleuve et dans laquelle il disait: "Si la crue est de toi, nous n'avons pas besoin de toi. Si ta crue ne dépend que de l'ordre de Dieu; Dieu n'a pas besoin d'une vierge". Cette coutume laissa en Egypte de nombreuses survivances concrétisées par ce que l'on appelle la "Fiancée du Nil". C'est la statue d'une jeune fille que l'on jetait dans le fleuve à l'époque de la crue, en souvenir de la première victime de cette vierge sacrifiée aux dieux. Cette coutume était également répandue chez les Anciens Grecs, la majorité de leurs victimes étaient offertes à Zeus au cours de nombreuses cérémonies religieuses et civiles. Elle était fréquemment pratiquée lors des disettes, des guerres, des sinistres et des épidémies pour calmer les dieux et les prier d'accorder leurs grâces et leur miséricorde. Les victimes étaient choisies parmi les membres de l'aristocrate. Dans les cas de famine et autres, elles étaient généralement choisies parmi les enfants. Cette coutume subsista jusqu'au premier siècle avant l'être chrétienne. Les chroniqueurs de cette période rapportent des cas certains de victimes sacrifiées au dieu Zeus.
Cette coutume survécut chez les anciens Romains jusqu'à une période assez proche de 1ère chrétienne. En l'an 97 avant le Christ, le Sénat romain interdit par un édit les sacrifices humains, mais cet édit ne fut jamais complètement observé. Rien n'atteste la chose, si ce n'est un second édit qui renouvelle l'interdiction précédente en aggravant la peine infligée à celui qui fait ce genre de sacrifice. La répétition des édits d'interdiction et l'aggravation des peines montrent à quel point était répandue cette coutume et la difficulté que trouvaient les autorités à l'abolir. Une forme particulière de cette coutume s'est répandue en Afrique du Nord alors sous la domination romaine à savoir l'offrande des petites enfants au dieu Saturne.
La religion chrétienne actuelle est basée su le dogme du Rachat. Le Messie fut crucifié comme une victime pour racheter les hommes et expier par son sang le péché originel commis par Adam quand il mangea le fruit défendu et dont la poids est porté par tout le genre humain, celui-ci en aurait été stigmatisé jusqu'au jour de la résurrection sans cette victime sans rachat.
3-Les parents offrent leurs enfants comme victimes aux dieux
La coutume qui voulait que les pères présentassent leurs enfants comme victime aux dieux, se répandit parmi les nations civilisées de l'Histoire Ancienne notamment chez les peuples Semites et les chamites. Parmi ces peuples, il faut compter les Anciens Egyptiens, les Hébreux et les Arabes de l'époque préislamique.
Chez les Egyptiens de nombreux pères de famille appartenant à la classe aristocratique présentaient leurs filles comme victimes au Nil et considéraient ce sacrifice comme étant l'acte par excellence qui rapproche les fidèles des dieux. Beaucoup de textes de l'Ancien Testament nous apprennent cette coutume courante chez les Hébreux dès les époques lointaines. Les textes rapportent que Pharaon défendit aux Juifs de quitter l'Egypte, alors que Jéhovah envoya un fléau aux Egyptiens. Chez les hommes chaque premier ne male périssait, chez les animaux chaque première femelle crevait et cela à travers toute l'Egypte. Lorsque Pharaon et le peuple virent les malheurs qui s'étaient abattus sur leur pays, ils accédèrent à la demande des Hébreux et leur permirent l'exode qui fut l'événement le plus important de leur histoire. Non seulement il eut le mérite de le libérer de l'esclavage; mais l lui permit aussi plus tard d'acquérir la richesse et la puissance. Afin que le Peuple d'Israël se souvint toujours de ses bienfaits Jéhovah lui enjoignit de lui consacrer toute première femelle des animaux ou des hommes c'est-à-dire de les lui offrir comme victime. Plus tard il atténua la prescription relative aux filles et la remplaça par un mouton. Il est certifié que l'holocauste du premier né humain était chose courante durant les âges les plus reculés; plus au cours des siècles il fut remplacé par le sacrifice d'un animal. Le Coran lui-même, mentionne un fait de ce genre dans le récit d'Abraham et sa tentative son fils Ismail conformément à l'ordre reçu. Avant qu'Allah ne lu ordonnât de le racheter par un noble sacrifice.
Certains récits laissent entendre que les Arabes avaient la coutume d'égorger un mouton et qu'ils le firent jusqu'à la veille de l'Islam.
L'on raconte à ce sujet qu'Abdel Mottaleb, le grand-père du Prophète, avait éprouvé des difficultés en creusant le puits de Zam-Zam et qu'il fit alors le vœu de sacrifier l'un de ses fils et le présenterait en holocauste à Dieu s'il avait dix garçons. Lorsque le nombre et les conditions du vœu furent réunis, il informa ses enfants de son vœu et leur demanda de l'exaucer. Ils lui obéirent. Il se rendit vers Habel, l'une des idoles de la Ka'aba, pour tirer au sort le nom de la victime. Il désigna un verre pour chacun d'eux et y mit son nom, puis il tira un verre à tout hasard et le sort désigna Abdallah, le père du Prophète, Abdel Mottaleb voulut l'égorger, mais Qoreish intervint et lui conseilla de consulter une prêtresse dont ils lui désignèrent le nom elle lui indiquerait comment se délier de son vœu sans égorger son fils. La prêtresse lui conseilla de tirer au sort entre Abdallah et dix chameaux. Il tira ainsi au sort et chaque fois le sort désignait Abdallah. Quand la nombre de chameaux atteignit 100, le sort les désigna. Il les égarera pour racheter son fils. Le Prophète fait allusion à ce sort et à celui d'Ismail quand il déclare. "Je suis le fils de deux sacrifices" entendant par là son père Abdallah et Ismail, fils d'Ibrahim, l'ancêtre de la famille du Prophète. Cette anecdote montre clairement que le fait d'offrir des enfants en holocauste aux dieux à la suite de vœux ou autre n'était plus apprécié par les Arabes de cette période et qu'à la veille de l'Islam cette coutume était en voie de disparition.
4-L'ensevelissement des filles chez les Arabes de la période préislamique et son rapport avec l'offrande aux dieux des enfants par leurs parents
Chez certaines tribus arabes de la période préislamique notamment celles de Qoreish, de Rabià de Chenda, de Ta'i, de Tamine, avait lieu une forme particulière d'oblation d'enfants. Elle consistait à ensevelir les filles. On procédait à cela de la manière suivante. Généralement, on creusait près de l'endroit où la mère devait accoucher un trou profond et si le nouveau né était une fille, on la jetait vivante dans ce trou et on le remplissait de terre. Certaines tribus et en particulier le clan de Qoreish recouraient à l'enterrement des filles dans des endroits spéciaux loin de leurs campements pour ne point les souiller par les cadavres et les restes. Le lieu le plus célèbre de Qoreish où l'on enterrait les filles selon cette méthode, c'était la montagne d'Abou Dolâme. Ces coutumes persistèrent chez les tribus jusqu'à l'avènement de l'Islam, puis de nombreux Arabes se prirent à les détester; ils reconnurent leur barbarie et qu'elles étaient incompatibles avec les mois de la nature et les normes de la civilisation humaine.
De nombreux chefs de tribus s'élevèrent contre cette coutume et cherchèrent à adoucir ses effets. Leurs efforts furent couronnés de succès car les cœurs y étaient déjà préparés. A l'avènement de l'Islam ces coutumes étaient sur le point de prendre fin. L'Islam déclara aux rares survivances une guerre inexorable qui se termine par l'abolition totale de cette pratique. Après la mort du Prophète, pas un incident de ce genre, même parmi les tribus qui gardèrent leur religion primitive, ne fut jamais rapporté.
Les investigateurs ne sont pas d'accord sur les facteurs qui portèrent les tribus précités à suivre cette coutume bizarre et ils sont divisés en deux groupes à ce sujet:
L'un l'explique par la pauvreté et l'autre par le désir de l'Arabe de garder intact son honneur et de se préserver des malheurs qui pourraient l'atteindre.
Le premier groupe pense que les causes de ce système sont dues aux dénuement et à l'absence des moyens pour élever les enfants. La raison de cette pratique serait donc due au milieu et aux conditions économiques; l'aridité du sol des Arabes, leurs maigres revenus provenant du métier de pasteurs de la majorité d'entre eux, la monopolisation du commerce par une riche minorité; la vie de misère menée par le peuple et les famines successives dont ils souffraient fréquemment, leurs déplacements nombreux à la recherche de la nourriture pour leur bétail, cela rendait difficile pour beaucoup d'entre l'éducation des enfants et les tribus précités durent pratiquer l'ensevelissement de leurs enfants pour se débarrasser de ce lourd fardeau. Ces groupes voient dans les versets suivants une preuve à l'appui: "Ne tuez pas vos enfants de crainte du dénuement nous leur attribuerons ainsi qu'à vous le nécessaire, les tuer est une grande faute" sourate al-Isra'e (Le voyage Nocturne) verset 31 et "Ne tuez point vos enfants par crainte du dénuement, nous vous attribuerons ainsi qu'à eux le nécessaire" Imrane (le famille d'Imrane), verset 131.Cette théorie ne s'accorde nullement avec la vérité de l'histoire, pas plus qu'avec la saine logique. Il est prouvé que ce n'est pas uniquement les classes pauvres qui observaient cette coutume mais qu'elle était commune aux riches et aux pauvres des tribus qui l'avaient adoptée. L'histoire nous rapporte les noms de ceux qui enterrèrent leurs filles vivantes durant la période préislamique. On y relève ceux d'un grand nombre de notables. Dans ces villes cet acte se limitant aux filles. Cela prouve que le mobile qui les poussait n'était pas la pauvreté car s'il en était vraiment ainsi, cette coutume aurait été appliquée à tous les enfants sans distinction entre le male et la femelle d'autant plus que la fille était dans la plupart des cas, une source de profits pour ses parents grâce au Mahr (dot) que payait l'époux. On disait à celui dont le nouveau-né était une fille "qu'elle soit bénie, celle qui augmentera ton bien". Car le Mahr s'ajoutait à son propre bien et l'augmentait. Notre conviction de la fausseté de cette thèse est d'autant plus profonde qu'il n'est nullement question de la pauvreté dans les versets révélés traitant de la question de la question de l'enterrement des filles. Quant à ceux qui rattachent cette coutume à la crainte de dénuement et que les défenseurs de cette thèse prennent comme preuve à l(appui de leur point de vues; ils ne concernent pas le système dont nous parlons, mais un autre pratiqué par certaines tribus arabes et qui consistait à détruire systématiquement les enfants sans distinction de sexe par suite de la pauvreté et l'impossibilité de les éduquer, c'est pourquoi on employa sans distinction le mot enfant qui s'applique aux deux sexes indifféremment.
Le second groupe d'investigateurs jugent que cette coutume dérive de l'exagération de certains Arabes conservateurs désireux de sauvegarder leur honneur et de veiller à ce que rien ne vienne leur porter atteinte. Ils craignaient qu'en grandissant les filles ne soient pour eux et pour leur clan une source de honte, en tombant en cas de razzia aux mains des ennemis ou en péchant au cours de leur vie et en n'évitant pas la chute. Les partisans de cette thèse rapportent une anecdote qui serait selon eux le point de départ de la ligne de conduite adoptée par les tribus précitées. Un notable arabe du nom de Queiss Ibn Assem aurait eu sa fille ravie dans une razzia organisée par une tribu ennemie. On se réconcilia et entre autres conditions on stipula la reise de jeune fille moyennant le paiement d'une rançon, mais la fille de Queiss était tombée amoureuse de son ravisseur, elle préféra demeurer chez lui et n'accepta pas de retourner chez son père, dans sa tribu. Le père fura d'enterrer vivante toute fille qu'il aurait, la tribu prêta le même serment et d'autres suivirent son exemple.
Cette opinion est aussi erronée que la précédente. Le récit en question porte les marques de l'invention et les traits de la légende d'autant plus que ce qu'il affirme est contraire aux règles auxquelles sont soumises les origines et l'évolution des phénomènes n'apparaissent pas à la suite d'un acte individuel mais à la suite d'une attitude collective s'appuyant sur les tendances, les croyances et les lois générales, de la société. D'autre part, Queiss était en vie lors de la révélation de l'Islam et ne mourut que vers l'an Z de l'hégire. Il est donc douteux que ce soit lui qui ait institué la coutume d'enterrer vivantes les filles à la suite d'un événement dont sa fille aurait été victime. Cela signifierait que cette coutume n'apparut que quelques années avant l'Islam alors qu'il est prouvé qu'elle précéda de bien longtemps la mission du Prophète et qu'elle était en voie de disparition avant l'avènement de l'Islam. De plus, il n'est fait aucune mention dans les versets du Coran d'une telle cause de l'enterrement des filles. Si tel était le motif réel de cette coutume, le Coran aurait pris soin de le dénoncer et de montrer à quel point il était inepte et contraire à la raison.
Après avoir montré la fausseté de ces deux opinions, il me semble que la meilleure méthode à suivre pour déterminer les causes de cette coutume serait de passer en revue les versets coraniques révélés à ce sujet, de préciser leurs rapports aves le sujet même et de réfléchir sur les indications explicites ou implicites qu'ils pourraient contenir au sujet des raisons qui poussèrent les Arabes à pratiquer cette coutume: le Coran était référence la plus véridique en ce qui concerne les institutions préislamiques. Ces réflexions me portèrent à élaborer la théorie que voici:
Certaines tribus arabes préislamiques recouraient au meurtre de leurs enfants. Mais par la pauvreté et pour se débarrasser du fardeau des frais d'éducation. Ces gens ne faisaient aucune distinction entre les filles et les garçons:
"Ne tuez pas vos enfants par crainte du dénuement, nous leur attribuerons ainsi qu'à vous le nécessaire. Les tuer est une grande faute." al-Isra'e (le Voyage Nocturne) verset 31, au bien "Venez afin que je vous communique ce que voire Seigneur a déclaré illicite pour vous? Ne lui associer rien et (marquer) de la bienfaisance nos pères et mères. Ne tuez pas vos enfants de crainte du dénuement. Nous leur attribuerons ainsi qu'à vous le nécessaire."
Il est évident qu'il s'agit ici d'une coutume différente de celle dont nous parlons. Certaines tribus arabes tuaient leurs filles, comme nous l'avons vu au début de ce chapitre, elles n'agissaient ainsi non par peur de la pauvreté ou de la honte comme le pensaient les partisans des deux théories précédentes mais pour des raisons purement religieuses;
Il est évident qu'il s'agit ici d'une coutume différente de celle dont nous parlons. Certaines tribus arabes tuaient leurs filles, comme nous l'avons vu au début de ce chapitre, elles n'agissaient ainsi non par peur de la pauvreté ou de la honte comme le pensaient les partisans des deux théories précédentes mais pour des raisons purement religieuses; car ils pensaient que les filles étaient des êtres impurs créés par un dieu autre que leurs dieux et qu'ils devaient se débarrasser d'une pareille créature. L'origine de leurs croyances est due au fait qu'ils divisaient les récoltes en deux groupes:
L'un relevait de leurs dieux, al-Lat, al-'Qzza, Manat, Habel etc… Ils considéraient que c'étaient eux qui l'avait créé et par suite qu'il était pur. L'autre relevait de Dieu (certains idolâtres pensaient que ce Dieu était celui des Juifs, car ils l'avaient connu par leur intermédiaire, et le considéraient comme étant le Dieu du mal par rapport à eux et avaient à son égard l'attitude des musulmans pour Satan. Ils estimaient qu'il avait créé ce deuxième groupe et le considéraient comme impur et souillé, ils l'interdisaient et jugeaient qu'il était de leur devoir de s'en débarrasser ou de le présenter en offrande à leurs dieux. Et leurs croyances relatives aux produits des labours et des troupeaux furent reportés sur les rejetons humains. Ainsi ils divisèrent leur descendance en deux parties: l'une créée pour leurs dieux et comprenant les êtres purs: les males et l'autre créée par Dieu, ce sont les filles ou la partie impure qui ne devait pas vivre et dont il fallait se débarrasser en vertu d'un devoir religieux. Leur attitude envers les filles rappelle celle que nous avons parfois vis-à-vis de certains enfants lorsque nous disons: "ils ont reçu une part du diable" c'est-à-dire que le diable a leur formation, aussi évitaient-ils de les égorger et préféraient les ensevelir vivantes dès leur naissance craignant ce qu'il avait d'impur et de souille. Certains par excès de précaution les enterraient vivantes loin de leurs propres demeures. Leurs croyances ne se limitaient pas aux frontières du monde physique c'est-à-dire à celui des plantes, des animaux et de l'homme, elles atteignaient aussi le monde céleste, ils attribuèrent à Dieu tout ce qui dans ce monde se rattache aux femelles; aussi lui attribuaient-ils la création des anges parce qu'ils croyaient du sexe féminin.
Et, voici les textes coraniques relatifs à l'enterrement des filles vivantes et tout ce qui se rapporte à ce sujet. Leur étude et leur rapprochement confirmera ce que nous avançons:
"Ils donnent à ceux qui ne savent rien une partie de ce que nous leur avons attribué. Par Allah, Il vous sera certes demandé compte de ce que vous offrirez. Ils donnent des filles d'Allah-Gloire à Lui-alors qu'ils ont les fils et lorsqu'on annonce à l'un d'eux la venue d'une femelle, son visage s'assombrit, suffoqué il se dérobe aux siens par honte de ce qui est annoncé, se demandant s'il conservera cette enfant du déshonneur ou s'il enfouira dans la poussière. O combien détestable est ce qu'ils jugent" Nahl (Les Abeilles) versets 56/59.
Le premier verset certifie leurs croyances en ce qui concerne le produit des semences et des troupeaux dont ils attribuaient la création d'une partie à leurs dieux. Le second verset certifie leur croyance en ce qui concerne leur descendance dont ils attribuaient la création à leurs dieux s'il s'agissait de males et à Dieu s'il s'agissait de femelles. Le troisième verset est relatif à la conduite de celui à qui l'on annonçait la naissance d'une fille. Il serait superflu d'ajouter que la révélation de ce verset immédiatement après le second est une preuve que leur conduite envers leurs filles qu'ils enterraient vivantes ou conservaient pour leur déshonneur était due au fait qu'ils les rattachaient à Alla. Tel est le sens qui se dégage de ce troisième verset sinon ce ne serait qu'une simple digression sans lien logique avec les versets précédents, ce qui est inadmissible lorsqu'il s'agit des paroles de Dieu.
On relève encore:
"Les Associateurs donnent à Allah une part de ce qu'il a fait croitre de la terre et des troupeaux. "Ceci" prétendent-ils est à Allah et ceux-ci à ceux qui nous Lui avons associés (c'est-à-dire leurs dieux). Or ce qui est à leurs Associés parvient à leurs Associés (en leur présentant comme offrande) combien mauvais est ce qu'ils jugent.
De même leurs Associés ont paré (de fausses apparences) pour beaucoup d'Associateurs le meurtre de leurs enfants (c'est-à-dire que leurs dieux, leur ont embelli l'idée de tuer leurs enfants) afin de faire périr (ces Associateurs) et travestir pour eux culte. Si Allah avait voulu, ils ne l'eussent point fait. Laisse-les ainsi que ce qu'ils forgent.
Pendants sont ceux qui tuent leurs enfants, follement sans (détenir un) savoir, et (qui) en forgerie contre Allah, déclarent illicite ce qu'Allah leur a attribué. Ils se sont égarés et ne sont point dans la bonne direction." Al-An'am (Les Troupeaux) versets 136,137, 140.
Le premier verset certifie leurs croyances en ce qui concerne les produits des troupeaux et des semences qu'ils divisaient en deux groupes, l'un attribué à leurs dieux et l'autre à Dieu comme nous l'avons dit. Le second verset certifie que le meurtre de leurs enfants reposait sur le principe même qui les avait poussés à procéder à la division précédente, nous pouvons déduire cela du fait que ce verset est étroitement rattaché à celui qui le précède et qu'il déduire par "de même" et que le verbe "parés" a pour sujet les Associateurs. Cet acte relève des Associateurs.
5- DISPQRITION DES HOLOCAUSTES ET APPARITION DES OFFRANDES D'ANIMAUX ET DE PLANTES AINSI QUE DES SACRIFICES ET SIMULES.
Le système des holocaustes eut des conséquences funestes sur les sociétés qui les pratiquaient. Ces dévotions sanglantes leur apportaient malheurs et calamités. Que de mères furent privées de leurs enfants; que d'enfants devinrent orphelins et que de femmes devinrent veuves. Combien d'âmes innocents furent la proie des flammes ou la nourriture des poissons et que de pères furent obligés d'offrir leurs enfants en holocaustes aux dieux de les mettre à mort de leurs propres mains, d'enterrer leurs filles vivantes ou de les noyer satisfaire les divinités. Combien de villes furent détruites ! combien de peuples exterminés! Cela est du au fait que les sacrifices étaient fréquents. Le refus de sacrifier lorsque le sacrifice était nécessaire était considéré par les peuples qui pratiquaient ce système, comme un acte susceptible de provoquer la colère des dieux et d'attirer leur vengeance sur les membres de la communauté coupable de cette négligence.
Si nous tenons compte de tout cela, nous comprendrons dans quelle mesure cette dévotion était un facteur de crime et de destruction, une source de malheurs et de calamités, un exemple suffira à le prouver.
Les tribus Aztèques, tribus autochtones du Mexique, jusqu'à une époque peu éloignée présentaient des holocaustes dont le nombre atteignait 50.000 par an.
Le progrès de la pensée humaine et le redressement des erreurs des premiers âges au sujet de la nature et des attributs des dieux et de ce qu'il faut accomplir pour leur plaire, la tendance des communautés à élever leurs dieux au-dessus de la violence et de la cruauté et de tout ce que l'homme peut leur offrir de façon à se passer des vivantes, l'élargissement du cadre de la connaissance humaine, l'extension des législations révélées et des livres saints, tout cela contribue à faire respecter vie humaine et à abolir cette forme cruelle de sacrifice qui fut remplacée par d'autres dormes qui sont incompatibles avec les bonnes mœurs et ne vont pas à l'encontre des nécessités de la civilisation.
Alors, on a connu l'offrande de certains animaux comme les chameaux, les vaches, les moutons et certaines variétés de volaille: oies, canards, poules.
Il apparut aussi d'autres formes de sacrifices qui ne nécessitaient pas l'effusion du sang comme l'offrande des produits animaux ou végétaux: blé, épis, farine, mêlées d'huile, des pains, des galettes. L'apparition de l'agriculture eut une grande influence dans cette évolution. Elle contribua énormément à affirmer le caractère de l'homme et ses habitudes, elle augmenta la quantité d'aliments d'origine végétale causant par là une diminution dans sa consommation de viande, sa cruauté, ses goûts se modérèrent, ses sentiments devinrent plus calmes, ses sensations s'affinèrent et il remplaça un grand nombre de traditions sanguinaires et de croyances sauvages par d'autres institutions plus conformes à l'humanité et aux nécessités de la civilisation. Les holocaustes et les sacrifices d'animaux devinrent donc de plus en plus rares avec l'apparition de l'agriculture et furent substitués par les offrandes de végétaux, épis, graines, pain, galettes et autres et la nourriture des dieux et leurs caractères évoluèrent parallèlement à ceux des hommes et devinrent aussi fins et délicats.
Un genre de sacrifice assez étrange vit alors le jour: ce fut le sacrifice symbolique simulé tel que le sacrifice des statues et des images humaines. Ce genre se répondit chez les peuples anciens et modernes. L'effusion du sang d'un des membres de la victime sans le mettre à mort (cette coutume était observée dans de nombreux temples de la Grèce antique et notamment dans ceux de la déesse Arthémise, ou un simulacre de ce qui se pratiquait autrefois. Ainsi chez certaines tribus de Peaux-Rouges, à la mort d'un mari on apportait des fagots auxquels on mettait le feu et la femme du défunt s'allongeait sur les fagots jusqu'à ce que la flamme s'approchait d'elle; c'était une représentation symbolique de ce qui, autrefois lorsqu'on brulait la femme à la suite de la mort du mari.
Parmi les sacrifices simulés, il existe ceux de l'ombre de l'homme chez certaines peuplades bulgares où l'on avait l'habitude quand un individu se décidait à construire une nouvelle maison de guetter le premier passant près de cet endroit et de mesurer son ombre avec un fil. Le fil était ensuite déposé sous la première pierre de la bâtisse. Cela était considéré comme un sacrifice. Ce qui donnait du poids à cette considération, c'était la certitude que le propriétaire de cette ombre devait mourir dans un proche avenir. Telle est la forme la plus étrange: elle ne diffère guère par le sens du précédent; toutes deux sont des représentations d'un sacrifice humain qu'on pratiquait autrefois.
6-LES METHODES EMPLOYEES DANS LA PRESENTATION DES SACRIFICES ET DES OFFRANDES
De même les sacrifices et les offrandes se différencièrent au point de vue de leur qualité, selon les communautés et les siècles, les rites observés se différencièrent eux aussi, bien que la forme répandue parmi les peuples fut l'acte d'offrir la victime aux dieux en le jetant soit entièrement soit en partie au feu, pour que la fumée qui s'en dégageât, lors de l'incinération se répandit dans les recoins de l'autel et des temples sacrés et pour qui leur fumet qui plait aux dieux, comme le dit la Bible Apocryphe, et s'éleva dans l'espace. Telle était la seule méthode approuvée par l'Ancien Testament pour la plupart des offrandes des juifs à savoir celles des plantes de leurs dérivés: farine, galettes inclusivement comme il est dit dans les Chapitres I, II, VI et VII et autres du Lévitique. La plupart de ces paragraphes exposent les divers genres de sacrifices, les lois qui les régissent leurs dates et la manière de les présenter. Rien d'étrange à cela. Ce livre étant consacré à l'exposition des fonctions de lévites (membres d'une des tribus d'Israël qui comprend les descendants de Lévi, un des fils de Jacob) et au dénombrement de leurs droits et leurs devoirs envers les autres tribus juives. Une de leurs principales fonctions, étant de veiller sur l'autel et les sacrifices, de recevoir les offrandes et de les présenter.
Parmi les différentes formes de présentations des sacrifices, on relèves celle d'al-Wa'd, ensevelissement des victimes vivantes. Cette pratique fut suivie par de nombreux peuples entre autres par les tribus arabes préislamiques, comme nous l'avons signalé plus haut. D'autres formes consistent à noyer les victimes dans les fleuves sacrés chez les Anciens Egyptiens ou les étrangler; à remplir leurs bouches de boue, à les torturer de diverses façons soit en les jetant d'une hauteur, soit en les portant à se suicider volontairement en se jetant d'un sommet élevé, etc…
Parfois, on se contentait d'égorger la victime et de répandre son sang, c'est la seule manière connue par l'Islam comme nous le verrons dans la seconde partie de ce chapitre.
7-CEUX DONT ON VEUT S'ATTIRER LES GRACES PAR LES SACRIFICES
L'étude de ses dévotions chez les divers peuples et dans les diverses législations antérieurs à l'Islam démontre que ceux dont on veut s'attirer les grâces par les sacrifices peuvent être classé comme suit:
8-UTILITE DE LA VICTIME POUR CELUI A QUI ELLE EST OFFERTE
On pensait autrefois que ceux dont on voulait s'attirer les grâces profitaient matériellement des sacrifices et des offrandes. Certains peuples pensaient que les dieux se nourrissaient de la chair des victimes ou certains de ses membres. Aussi était-il interdit chez ces peuples de manger les victimes consacrées au sacrifice.
D'autres peuples qui présentaient des victimes humaines en offrande aux dieux et aux morts pensaient que ceux-ci se servaient de ces victimes comme esclaves et serviteurs. D'autres encore considéraient leurs dieux comme cruels et aimant le sang et se complaisant aux spectacles de carnage, ils leur offraient des sacrifices pour apaiser ces penchants sanguinaires et préserver leurs vies et celles des communautés de leurs courroux. Le livre des juifs mêmes connu sous le nom de Bible déclare que les victimes brulées (celles dont les parties étaient brulées dans le Temple sous la surveillance d'un Lévite) apaisent Dieu car l'odeur de la fumée qui monte est celle qu'il préfère" (voir Lévitique et en particulier premier livre).
DEUXIEME PARTIE6 LE SACRIFICE EN ISLAM
1-LE BUT DES SACRIFICES EN ISLAM
L'Islam a détruit toutes les légendes et superstitions courantes dans les religions et sectes antérieurs, selon lesquelles les dieux consommaient ce qui était présenté comme sacrifice et offrandes, comme nous l'avons vu, a fait du sacrifice une simple forme de piété à l'égard de Dieu, une manifestation d'obéissance à ses ordres, de gratitude pour les bienfaits qu'il prodigue à ses fidèles, une occasion de faire l'aumône, d'être généreux à l'égard des pauvres et des nécessiteux. Il ne profite ni de la chair ni du sang des victimes. Et Dieu dit:
"Et (rappelle leur) quand Nous établîmes pour Abraham, l'emplacement du Temple (lui disant): Ne M'associe rien. Purifie Mon Temple pour ceux qui accomplissent la circumambulation, (pour) ceux qui (prient) et (pour) ceux qui s'inclinent, prosternés.
Appelle, parmi les hommes, au Pèlerinage. Ils viendront à pied ou sur toute (monture) au flanc de la cave. Ils viendront par tout passage encaissé, pour attester les dons qui leur ont été faits et invoquer le nom d'Allah à des jours connus, sur des bêtes de troupeaux qu'(Allah) leur a attribués". "Manger (de ces bêtes) et (Nourrissez-en) les miséreux et les besogneux. A chaque communauté. Nous vous avons donné une pratique culturelle pour que (ses membres) invoquent le nom d'Allah sur la bête du troupeau qui leur est attribuée. Votre Divinité est une divinité unique. A il soumettez-vous! Prophète! Annonce la bonne nouvelle aux Modestes dont les cœurs s'émeuvent quand Allah est invoqué! (Annonce-la) aux Constants dans l'épreuve qui les atteint, à ceux qui accomplissent la Prière et (qui) font dépense (en aumône) sur ce qui Nous leur avons attribué. Pour vous, Nous avons placé les animaux sacrifiés parmi les choses sacrées d'Allah. Un bien s'y trouve pour vous. Invoquez sur eux, vivants, le nom d'Allah. Quand ils sont sans vie, mangez-en et nourrissez-en l'impécunieux et le démuni. Ainsi vous ont été livrés (les victimes espérant que) peut être vous serez reconnaissants, ni leurs chairs ni leur sang n'atteindront Allah, mais (seule) la piété venue de vous l'atteindra. Ainsi (ces victimes) vous ont été livrées pour que vous proclamez la grandeur qu'Allah en reconnaissance de ce qu'Il vous a accordé. Annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants". Al-Hajj (Le Pèlerinage), versets 25/87.
2-EN ISLAM L'OFFRANDE EST FAITE A DIEU SEUL
L'Islam décréta que c'est uniquement à Dieu que le fidèle présentera le sacrifice en signe de dévotion. Il mit fin ainsi aux croyances et coutumes erronées qui permettaient d'offrir les sacrifices d'autres qu'à Dieu, aux tyrans, aux mânes des morts, ou à celles des saints et santons ou bien aux esprits du mal afin de les flatter et de les apaiser pour qu'ils ne nuisent pas aux vivants, ou encore aux autres, aux forces de la nature etc.… ainsi prirent fin les derniers vestiges de l'idolâtrie où le monde est plongé à la veille de la révélation. C'est pourquoi l'Islam interdit les sacrifices dont l'origine se rattachait aux rites des Associateurs, entre autre le sacrifice du far ou celui du premier né que les Arabes égorgeaient en l'honneur de leurs tyrans et celui de al'Atira qu'ils égorgeaient au mois de Ragab en l'honneur de leurs idoles. Al-Boukhari rapporte que d'après Abou Horaira le Prophète avait dit: "Pas d'offrande du premier né ni de brebis égorgée".
Il en résulte que certaines coutumes et traditions relatives à ce sujet et suivies par les classes populaires des certaines régions d'Egypte vont à l'encontre des règles de l'Islam et de son enseignement.
Nous constatons, en effet, entre autres coutumes, que la classe populaire dans certains villages de la Haute Egypte et même ailleurs dans notre République offre des sacrifices et présente des victimes aux santons et notamment au Sayed Ahmed al-Badawi à qui les paysans vouent dans les villages des veaux connus sous le nom de veaux d'al-Sayed: ils sont élevés avec beaucoup de soin et les paysans leur réservent les égards dus aux saints: personne ne leur fait du mal et même s'ils causent des dommages à un être humain ou qu'ils mangent de l'herbe appartenant au champ voisin, et ils les laissent entièrement libres comme "Al Seebe" durant la période préislamique. Les paysans font un pèlerinage à Tanta avec la bête et l'égorgent devant le Mausolée. Il est inutile de dire que tels actes ne sont pas ratifiés par la législation musulmane.
De même, de nos jours de nombreux Egyptiens jugent qu'il est nécessaire d'égorger un animal ou plusieurs, que ce soit des veaux ou des moutons ou les deux à la fois sous le cercueil du mort au moment où il quitte la maison pour être enseveli: c'est un reste de dévotion à l'égard des morts et un essai pour s'attirer la faveur de leur âme. Ce culte était répandu chez beaucoup de peuples avant l'Islam et en particulier chez les Anciens Egyptiens.
3-GENRES DE VICTIMES
En Islam, la victime ne peut être qu'une variété de bétail, dont on peut manger la chair: chameaux, bœufs, moutons et chèvres. Le fait de tuer un autre animal ou de l'égorger n'est pas considéré comme sacrifice, en Islam. De même que l'offrande des produits des animaux ou des végétaux n'est pas tenue pour un sacrifice mais pour un simple acte d'aumône s'ils sont distribués aux pauvres, aux mendiants et aux besogneux. De plus, l'Islam a formellement interdit les offrandes des garçons et des filles comme holocaustes et les considère comme un crime abominable comme nous l'avons noté au IVe paragraphe du chapitre précédent. Quant aux conditions relatives au genre, à l'âge physique que doivent réunir les victimes, on les trouve dans les ouvrages de fiqh musulman.
4-MANIRE DE PRESENTER LE SACRIFICE EN ISLAM
L'Islam ne connait guère qu'une manière de présenter le sacrifice: c'est d'égorger la victime légalement en prononçant le nom de Dieu, puis de la distribuer soit en totalité soit en partie aux pauvres, aux nécessiteux et aux besogneux, suivant des critères de préférence cité dans les ouvrages de fiqh musulman. L'Islam interdit formellement d'employer les autres méthodes suivies dans les religions et les sectes antérieurs comme l'incinération, la strangulation, la noyade et autres moyens cités dans la première partie de ce chapitre.
5-LES REGLES LE MOMENT ET LE LIEU DU SACRIFICE EN ISLAM
Voici les règles du sacrifice en Islam: