25 Mar
25Mar

Par Mohammad Atia Al Ibrachi

Au nom de Dieu le Bienfaiteur, le Miséricordieux, dont nous demandons l'aide.

Introduction

Grace soit rendre à Dieu, les prières et la grâce de Dieu soient sur le plus noble des Prophètes, Mohammad sur sa famille et tous ses Compagnons.

Il n'est pas un seul éducateur ou un seul historien qui puisse nier que l'éducation islamique fut à la base de la civilisation islamique et que les idéaux de cette éducation concordent avec les tendances modernes dans le domaine de la pédagogie d'aujourd'hui.

L'Islam a révéré le savoir et les savants, il éleva le savoir au rang de la prière et prit grand soin des différents cotés de l'éducation et en particulier l'éducation spirituelle, religieuse et morale. L'Islam réclamait l'égalité et la liberté dans l'instruction, et voulait donner aux riches comme aux pauvres des chances équitables pour s'instruire; il abolit de son sein l'écart des classes sociales, imposa l'instruction à tout musulman et à toute musulmane et leur donna tous les moyens s'ils le voulaient et en manifestaient le désir.

Les Mosquées, les Instituts, les bibliothèques, les contres d'études, les cercles littéraires et scientifiques ouvrirent leurs portes aux étudiants qui désiraient s'instruire, étudier et faire des recherches; l'Etat leur assura tout ce qui leur était nécessaire comme nourriture, logement, soins médicaux, assistance financière pour les aider à vivre et à se consacrer à l'étude.

Nous ne nous vantons pas en disant que les principes de l'éducation moderne dont nous avons réclamé l'application au milieu du XXème siècle – et que les pays civilisés n'ont pas pu jusqu'aujourd'hui mettre complètement en pratique- étaient observés et appliqués dans l'éducation islamique dans son âge d'or, des certaines d'années avant la création de l'éducation moderne. Parmi ces principes idéaux citons: éveiller l'esprit d'indépendance habituer l'étudiant à compter sur lui- même dans l'instruction, assurer la liberté et la démocratie dans l'instruction, appliquer le système de l'instruction individuelle, observer les différences individuelles entre les enfants dans l'instruction et l'enseignement, surveiller les penchants et les tendances des élèves, mettre leur intelligence à l'épreuve, leur parler selon le viveau de leurs notions, les traiter avec considération et clémence, prendre soin de leur éducation morale, encourager les voyages d'étude, donner à la rhétorique, aux débats et à l'éloquence le soin qu'ils méritent, multiplier les bibliothèques, les doter du plus grand nombre possible de livres utiles et de références précieuses, encourager les étudiants à profiter de ces trésors, à persévérer dans l'étude et la recherche du savoir du berceau au tombeau.

Nous ne devons pas nous étonner lorsque nous apprenons que le poste de répétiteur que nous trouvons aujourd'hui dans les facultés et les universités était déjà institué dans les centres d'étude islamique de l'âge d'or, de même le système des universités populaires est emprunté à l'éducation islamique; l'étudiant n'était pas lié par des lois rigides et immuables; âge limité diplômes délivrés, minimum de points; les portes des mosquées et des instituts étaient ouverte à tous ceux qui désiraient se cultiver et s'instruire.

Mais il est regrettable de dire que les historiens, les hommes de lettres, les Ulémas et les philosophes de l'Islam, qui ont laissé des écrits, se sont étendus et ont excellé dans les ouvrages se rapportant à la civilisation islamique, aux victoires militaires, aux problèmes religieux, politiques, économiques et sociaux, mais ils ont négligé le problème de l'éducation islamique.

Ainsi, dans les ouvrages relatifs à Nizam al-Milk ou de Salah el-Dine al-Ayoubi nous trouvons que de rares renseignements sur les écoles et instituts qu'ils ont érigés ou aux réformes qu'ils ont entreprises dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement; par contre, ces ouvrages se sont étendus sur leur biographie, leur action politique et leurs compagnons militaires. C'est pour cette raison que le chercheur qui entreprend s'écrire un ouvrage sur l'éducation dans l'Islam se trouve en but à une grande difficulté; en compulsant de nombreux ouvrages littéraires, historiques ou politiques des anciens, le chercheur ne relèvera que de rares chapitres éparpillés dans l'ensemble, de courts paragraphes et certains conseils pédagogiques disséminés, et enfin des traités concernant l'instituteur et l'élève se rattachant de près ou de loin, à l'éducation et à l'enseignement. Il a donc besoin d'un dort grand nombre de référence pour rédiger une étude sérieuse sur l'éducation dans l'Islam.

Malgré cela, personne ne peut nier que l'Occident et les Occidentaux doivent énormément aux Arabes et aux Musulmans, et que les sciences arabes ainsi que la civilisation islamique eurent une grande influence sur la renaissance européenne actuelle.

Les sciences la culture arabe, la civilisation islamique et les arts orientaux furent transplantés en Europe, après s'être épanouis, avoir évolué, muri et fructifie entre les mains des savants et des philosophes de l'Islam. Autrefois, les Arabes, l'Islam et l'Orient eurent le mérite de diffuser la science, la culture, la civilisation et l'art en Occident et dans l'Europe actuelle.

L'éducation islamique eut une grande influence sur la renaissance qui se manifesta dans tous les domaines de l'éducation et cela grâce aux principes qui lui furent empruntés; le soin qu'elle apportait aux cotés humains, sociaux et coopératifs tels la fraternité, la liberté, l'égalité, la justice, l'unité spirituelle entre les Musulmans du puissant empire islamique, cela n'est pas étonnant, car sur ces bases solides et sur ces règles précieuses fut édifiées l'éducation islamique des premiers siècles.

Lors de la composition de ce livre, j'ai dirigé toute mon attention vers l'idéal suprême que proclame notre Chef aimé et inspiré, le Président Gamal Abdel-Nasser.

CHAPITRE  I

LES DESSEINS DE L4EDUCATION ISLAMIQUE

  • L'éducation morale: essence de l'éducation islamique:

Les philosophes de l'Islam ont été unanime à affirmer que l'éducation morale était l'essence même de l'éducation islamique et que l'éducation avait pour seul but la perfection morale; cela ne signifie point que nous devons négliger l'éducation physique, intellectuelle, scientifique ou pratique; mais que nous devons apporter à l'éducation morale le soin que nous accordons aux autres aspects de l'éducation. L'enfant a plus d'un besoin, à savoir: la vigueur physique et cérébrale, la connaissance, le travail, la formation du caractère, le raisonnement, la volonté, le gout et la personnalité.

Les pédagogues musulmans ont déclaré que le but de l'éducation islamique n'était pas de bourrer la crane des étudiants de connaissance ou de leur enseigner des matières scolaires qu'ils ignoraient, mais de former leur caractère, éduquer leurs âmes, leur inculquer la vertu leur donner l'habitude des bonnes mœurs, enfin les préparer à une vie honnête, faite de loyauté et de perfection; le but primordial et suprême de l'éducation islamique est de former le caractère et d'éduquer l'âme. Toute leçon doit avoir une fin morale; tout éducateur doit, tout d'abord penser à la morale religieuse. La morale religieuse est le parfait idéal de toute morale et la noblesse du caractère est le pilier de l'éducation islamique. Al-Ghazali pense que l'éducation vise avant tout le rapprochement de Dieu et non point la suprématie et l'ostentation. Et que l'intellectuel ne cherche point par la connaissance la suprématie, la fortune, la puissance, le commerce des fats et la vantardise en présence de des pairs, qu'il ne dévie point de l'éducation morale.

En un mot, le but suprême de l'éducation islamique c'est: "la vertu".

  • Apporter le même soin au temporal qu'au spirituel: 

Les horizonnes du savoir sont illimités aux yeux de l'Islam étaient fort larges quand. Ils ne limitent pas à l'éducation religieuse. Le Prophète, exhorte chaque Musulman à donner au religieux et au temporel leur juste valeur: "Fais pour ce monde ici-bas comme si tu devais vivre éternellement et fais pour ta fin dernière comme si tu devais mourir demain".

  • Prendre soin des cotés pratiques de l'éducation

Comme l'éducation islamique donnait de l'importance aux aspects religieux, moraux et spirituels de l'éducation, elle ne négligeait point les aspects pratiques dans les programmes de ses institutions. Le message que Omar Ebn al-Khattab envoya à ses gouverneurs éclaire cette intention: "Enseignez à vos enfants la natation et l'équitation, révélez-leur les proverbes célèbres et la belle poésie." Omar donnait l'ordre d'enseigner aux enfants la natation, l'équitation et la culture physique, l'habilité guerrière, les beautés de la langue arabe, les proverbes célèbres et la belle poésie.

Seuls les fanatiques opiniâtres peuvent nier l'influence des savants musulmans sur la renaissance scientifique. Monroe dans son livre Histoire de l'Education rapporte ce qui suit:

"Les Arabes ont fait d'importantes découvertes dans les domaines de la médicine, de la chirurgie, de la pharmacologie, de l'astronomie, de la biologie; ils inventèrent la pendule et instruisirent l'Europe de l'usage de la bousole et de la poudre".

L'éducation islamique n'était pas uniquement religieuse, morale et spirituelle mais ces caractères là primaient le coté pratique; elle n'était donc pas essentiellement utilitaire; le coté matériel, le gagne-pain, est une question accidentelle dans la vie; et c'est pour cette raison que le gain n'était que l'un des aspects secondaires de l'éducation et non point une fin en soi.

Il est de l'opinion d'Al-Farabi, d'Avicenne et de Ekhxan al-Safa que l'on ne peut atteindre la perfection humaine qu'en conciliant religion et connaissance.

4-La recherche de la connaissance pour elle-même:

Les étudiants musulmans recherchaient le savoir pour lui-même, car ils le considéraient comme la chose la plus délectable au monde: l'être humain a un amour instinctif pour la connaissance; les philosophes de l'Islam se donnèrent donc à l'étude des sciences, des littératures et des arts, pour assouvir le penchant naturel de l'homme pour le savoir et la connaissance. L'éducation idéale est, donc, celle qui incite l'étudiant à rechercher la science pour la science, l'art pour l'art et la littérature pour la littérature, car il y trouve un plaisir scientifique, littérature ou artistique inégalable. Al-Hag Khalifa dit dans son livre Kashf al-Zounon: "La science est la chose du monde la plus délectables et la meilleure" et il dit à un autre propos: "l'étude n'a point pour fin l'acquisition de la fortune, mais celle de la vérité et du caractère": en d'autre termes: atteindre la vérité scientifique et la perfection humaine.

L'éducation islamique était donc l'éducation idéale car la rechercher de la connaissance avait pour fin: atteindre la vérité scientifique gouter le plaisir spirituel qu'elle donne et enfin conquérir la perfection morale.

Si l'on considère le patrimoine scientifique, littéraire, religieux et artistique laissé par les Musulmans, on découvre un trésor fabuleux, incomparable qui prouve que les Musulmans s'étaient attachés à l'art pour lart à l'art la littérature pour la littérature, et à la science pour la science; cela ne veut point dire qu'ils aient pour autant négligé l'enseignement utilitaire et c'est ce que la notion suivante éclaire:

5-L'enseignement utilitaire professionnel artistique et industrie.

L'éducation islamique prépara chaque individu à gagner sa vie et cela par l'enseignement d'un mériter, d'un art ou d'une industrie. Ce texte d'Avicenne l'atteste: "Si le jeune homme maitrise l'étude du Coran et de la langue, il peut considérer alors la profession qu'il désire entreprendre et s'y diriger". On lui donnera, par la suite, une formation industrielle, artistique ou industrielle lui permettant de perfectionner un métier, un art ou une industrie qui lui procurera les moyens de gagner son pain et de mener une vie honorable, tout en préservant le coté spirituel et religieux. Il en résulte, donc, que l'éducation islamique était, donc l'ensemble, une éducation religieuse; mais elle ne négligeait point de préparer tout individu à affronter la vie et à gagner son pain; elle n'oubliait pas non plus l'éducation du 4la personnalité.

CHAPITRE   II

L'ENSEIGENEMENT ET L'INSTRUCTION D'APRES L'ISLAM

La religion islamique enjoint à généraliser l'instruction

La religion islamique est une religion de connaissance et de lumière, non point une religion d'ignorance et de ténèbres. Le premier verset qui fut révélé au Prophète l'exhorte à lire et appuie cela; il exalte l'importance de la connaissance et de l'enseignement; nous pouvons comprendre cela par le fait que la connaissance est attribuée à Dieu; "Lis on nom de ton Seigneur, qui a crée, qui a crée l'homme de sang coagulé. Lis, ton Seigneur étant le plus généreux, c'est Lui qui a appris à l'homme de se servir du Kalam. Il a appris à l'homme ce qu'il ne savait pas". Dieu dit s'adressant à son Prophète: "Dis: O Seigneur! Accrois mon savoir," et aussi Dieu atteste qu'il n'y a de Dieu que Lui, ainsi que les anges et ceux qui possèdent la science et qui se dressent pour la justice".

Dieu se cite en premier lieu; puis il cite les anges en second lieu et, en troisième lieu, les savants: cela est un grand honneur pour eux. Dieu dit: "Voilà les exemples que nous avons proposés aux hommes; mais aucun d'eux ne les comprendra à l'exception de ceux qui savent". En d'autres termes, seuls les savants cultivés peuvent comprendre ces exemples.

Le Coran dans plus d'un texte, exalte la condition des savants, leur haut prestige et leur rang élevé. "Ceux qui savent seront-ils égaux à ceux qui ne savent pas?"

La science aux yeux de l'Islam est sacrée. Pour les Musulmans c'est la chose la plus précieuse au monde. Dieu l'Islam, les savants ont un rang subséquent à celui des Prophètes. Le Prophète dit: "Les savants sont les héritiers des Prophètes". Il s'ensuit que les savants actifs ont un rang subséquent à celui des Prophètes. On a même dit que les savants, le point du Jugement Dernier, peuvent après les Prophètes, intercéder pour les hommes auprès de Dieu. Le Prophète lit: "L'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs". Le Prophète exhorta à l'instruction et la fit une obligation; il dit: "Instruire vos enfants, ils vivront à une époque différente de la votre". L'islam ne différencie pas entre fille et garçon quant à l'instruction. Le Prophète a dit: "L'instruction est un devoir pour tout musulman et toute musulmane," sans discrimination entre eux.

La religion islamique exige que tout musulman et toute musulmane s'instruise, recherche la connaissance, l'applique dans sa vie, et essaie de la répandre.

L'Islam ne s'arrête pas à cette invitation de répandre la science et l'instruction, mais il exhorte l'homme à guérir continuellement la science, l'instruction, l'étude et la culture: "L'homme demeure savant aussi longtemps qu'il recherche la connaissance, le jour où il croit l'avoir trouvée, il devient ignare"; et il dit aussi: "Le savant est gracié sur terre et dans le ciel". Al-Ghazali commente ce précepte: "Est-il plus haut que le rang de ceux à qui les anges de la terre et du ciel rendent grâce? Le savant prend soin de lui-même et les anges prennent soin de son salut".

Le Prophète encourageait l'instruction par ses paroles et par ses gestes. Il libérait les prisonniers infidèles qui étaient, à condition qu'ils enseignassent aux Musulmans à lire et à écrire, vu l'intérêt qu'il portait à ce que l'instruction se diffusant et se propageât entre la masse des Musulmans. Sans cesse, il donnait à la femme une opportunité et une chance d'apprendre à lire et à écrire. Il demanda à Al-Thoufate Al-Adawiya d'apprendre à son épouse Hafza à lire et à écrire. Par cet exemple qu'il donnait à son peuple, il démontrait la nécessité de l'instruction des jeunes filles et des fillettes.

Un jour, lors d'une de ses campagnes, le Prophète vit deux cercles; dans l'un de ces cercles, des croyants invoquaient Dieu et le priaient; dans le second, d'autres instruisaient des gens. Il dit: "Quant à ceux-ci ils invoquent Dieu, s'il le désire il les comblera ou les privera de ses bienfaits; quant à ceux-ci, ils instruisent les gens. Or moi, je fus envoyé pour instruire," Il  se retourna et se joignit à eux. Par là, le Prophète voulait montrer qu'il fallait encourager la science, propager l'instruction, exalter le mérite des précepteurs et des éducateurs. Il est à noter que le Prophète considère la connaissance comme le pilier du monde et de la religion, lorsqu'il dit: "Celui qui désire ce monde doit avoir recours à la science. Celui qui désire l'au-delà doit avoir recours à la science; celui qui désire l'un et l'autre doit avoir recors à la science." Il dit aussi: "Les hommes sont de deux catégories: ceux qui sont savants et ceux qui sont instruits; en dehors de ces deux, point de valeur". Il dit aussi: "Le bienfait du savant à l'égard des croyants est semblable à celui de la lune à l'égard des astres". Il dit aussi: "Celui qui suit la voie qui dirige vers la connaissance sera conduit par Dieu sur la voie qui dirige vers le paradis". Tous ces préceptes louent le mérite es savants actifs et exhortent à la recherche de la connaissance et prouvent que l'Islam exige la recherche de l'instruction, la diffusion de la connaissance et la suppression de l'ignorance.

Il est dit dans la Tradition: 'Le meilleur des hommes est le croyant savant, qui est utile lorsqu'on a besoin de lui, et qui se suffit à lui-même lorsqu'on se dispense de ses services".

Ali Ebn Abi-Talib dit à Kamel: "O Kamel! La science est mieux que l'or; la science te protège et toi tu protèges l'or; par la science tu domines, par l'or tu es dominé; l'or par la dépense s'épuise, la science, par la dépense, s'accroit". Il dit aussi: "Le savant est meilleur que le véritable croyant qui jeune". Il dit aussi en vers: "Gloire aux savants, ils sont illuminés; pour ceux qui cherchent la lumière, ils sont des guides. La valeur de l'homme réside dans son savoir. Les ignares sont les ennemis des savants, les hommes sont des morts, seuls les savants vivent.

Il dit aussi, désignant sa poitrine: "Ici se trouvent de nombreuses connaissances". Il dit de même: "Le sein des justes est le dépôt des secrets", de nombreuses connaissances, si toutefois, on leur trouve une échappée". Il disait: "Le sein des justes est le caveau des secrets".

Omar dit: "Mes frères, recherchez la connaissance; Dieu possède un vêtement qu'il affectionne et il en revêtira celui qui recherche la connaissance dans l'un de ses domaines". Cela n'est pas étonnant car par la connaissance les cœurs vivent dans la lumière de la science comme la terre vit de la pluie du ciel.

Un sage dit: "Si un savant meurt, il sera pleuré par la baleine dans l'eau, par l'oiseau dans les airs, et si son visage s'efface, sa mémoire ne sera jamais oubliée". On a dit: "Sois savant, instructeur ou auditeur, mais ne sois pas ignorant, car tu périras".

Al-Hassan dit: "Sans les savants, les hommes deviendraient semblables aux animaux". Il veut dire par là que par l'instruction les hommes dépassent l'état animal pour atteindre l'état humain.

On a dit: "Instruisez-vous, car dans le savoir est la crainte de Dieu: sa recherche est une prière, son étude une glorification de Dieu, sa poursuite, une guerre sainte (jihad), l'enseigner à qui l'ignore est une aumône et le donner est une offrande. Le savoir est le compagnon dans la solitude, l'âme ans la réclusion; il est le guide dans la religion, il incite à la patience dans la prospérité et l'adversité, il rapproche les étrangers; il est le flambeau qui éclaire le chemin du paradis. Par le savoir, Dieu élève les hommes, les fait parvenir au rang des chefs et maitres, des guides que l'on suit, dont on relate les gestes, dont on contemple les actes; les anges recherchent leur amitié et les bénissent avec leurs aile. Le savoir est la vie des cœurs, la lumière des esprits; par le savoir les hommes deviennent des bienheureux; à travers le savoir, Dieu est obéi, adoré, loué dans son unité, glorifié. Par le savoir, les hommes seront unis, les justes seront illuminés.

On donna à choisir à un sage entre la fortune, la royauté et le savoir; choisit le savoir et à cause de ce choix, on lui fit don de la fortune et de la royauté.

Ebn Mesqawieh et al- Ghazali- savants de l'Islam- pensent que la science est la nourriture de l'âme et de l'esprit. Ebn Khaldoun pense que la science et l'instruction font partie intégrante de la civilisation humaine; il dit: "Tous les animaux partagent avec l'homme le toucher, le mouvement, la nutrition, etc., mais ce qui le différencie c'est la pensée, et cette pensée est la source des sciences et des industries".

Les Khalifes musulmans honoraient de lettres et les savants, ils les comblaient de présents, et ce qui prouve qu'ils révéraient la science, c'est qu'ils exhortaient leurs enfants à s'instruire et ils leur en inspiraient le désir. Abdel-Malek Ebn Marouan donnait à ses fils le conseil suivant: Mes enfants, cultivez-vous; si vous êtes exceptionnels, vous me surpasserez, si vous êtes moyens, vous réussirez, si vous êtes du commun des mortels, vous vivrez". A son avis, les êtres exceptionnels, par l'instruction, deviennent des maitres; les êtres moyens des chefs et le commun des mortels, peut gagner son pain et sa vie.

Et Mosa'b Ebn al-Zobeir dit à son fils: "Instruis-toi; si tu n'es pas beau, tu le deviendra, si tu n'es pas riche, tu le deviendras". Le savoir est la parure de celui qui n'a pas de parure et la fortune de celui qui n'a pas de fortune.

Al-Rachid confia le soin de l'éducation de son fils al-Ma"amoun, à Sibazeih et celle de son fils al-Amin à al-Ahmar, surnom de Ali al-Hassan. Il donna aux précepteurs la recommandation suivante, à la lumière de laquelle ils devaient entreprendre l'éducation de ses fils:

"O Ahmar: le Prince des croyants t'a confié l'âme de son âme et le fruit de ses entrailles. Protège-le. Son obéissance est un droit pour toi et remplis le rôle que t'a assigné le Prince des Croyants. Enseigne-lui le Coran. Conte-lui l'histoire. Cite-lui les poèmes. Fais-lui connaitre les rites. Eclaire-le sur les règles de la langue. Défends-lui de rire quand il ne le doit pas. Si quelqu'un des Banou Hachem pénètre chez lui, exhorte-le à le respecter. Si un général lui rend visite il doit le glorifier. Ne laisse pas passer la moindre heure sans saisir l'occasion de lui en faire tirer profit, sans pour autant l'attrister, ce qui fera rouiller son intelligence. N'exagère pas la tolérance car il contracterait alors l'habitude de l'oisiveté et y prendrait gout. Corrige-le autant que possible avec douceur et bienveillance; s'il les décline, alors tu auras recours à la fermeté et à la sévérité".

Dans cette recommandation se manifestent à la fois la sagesse et la justesse de l'opinion; on y trouve une des meilleures méthodes de l'enseignement secondaire: l'étude du Coran de l'histoire, de la littérature, de la poésie, des rites, de la langue, de la rhétorique, l'éducation religieuse, littéraire, scientifique et sociale. La dernière partie de la recommandation peut être considérée comme le statut de la manière d'agir et de la manière de châtier l'élève: "N'exagère pas la tolérance car il contracterait l'habitude de l'oisiveté et y prendrait gout. Corrige-le autant que possible avec douceur et bienveillance; s'il les décline, alors tu auras recours à la fermeté et à la sévérité".

Les sages, les hommes de lettres et les philosophes se sont longuement étendus sur ce sujet. Al-Ghazali dit: "Celui qui acquiert le savoir, en profite et en fait profiter autrui est tel le soleil qui brille pour lui-même, et pour les autres". Rappelons-nous ce qu'ont dit les savants de l'Islam: "Recherchez la science du berceau au tombeau; rechercher la science meme si vous devez aller jusqu'en Chine".

On demanda à Abi 'Amr Ebn Al'-Ala: "Est-il bon pour un vieillard de rechercher le savoir?". Il répondit: "S'il lui est bon de vivre, il lui est bon de rechercher le savoir". Mais, il n'y a pas de doute à ce que l'enfant est plus apte à l'instruction  que le vieillard.

Al-Ghazali dit: "On acquiert le savoir comme on acquiert la fortune- Celui qui sait, agit, enseigne est celui qu'on nomme grand dans le royaume des cieux. Il est tel le musc qui est parfumé et parfume. Celui qui sait mais n'agit pas, est tel le cahier qui est utile mais vide, à l'affiloir qui aiguise mais ne coupe pas à l'aiguille qui habille mais qui est nue, à la mèche de la lampe qui éclaire mais qui se consume. On a dit: "Il n'est qu'une mèche allumée qui éclaire en se consumant"

Il est relaté dans la Tradition: "Acquerrez la connaissance elle est l'un des piliers de la religion, le guide de l'homme, le compagnon dans la solitude, l'ami dans l'exil, le lien dans les réunions; elle est le moyen qui permet d'acquérir la fortune et de subvenir aux besoins".

La science, si toutefois on l'applique dans la vie, aux bienfaits suivants: elle conduit à la religion, elle attire l'attention de l'homme sur ce qui lui est utile et ce qui lui est néfaste; elle lui est un compagnon dans la solitude et dans sa réclusion, un ami dans l'exil; elle est un lien dans les cercles et les réunions; elle fournit la fortune et elle est le moyen d'atteindre la richesse. Ce sont, en effet, de nobles et utiles bienfaits et d'heureuses conséquences.

Le poète a dit:

"Le plus noble des hommes est le savant, même s'il n'est pas compté parmi la noblesse de son peuple. S'il se trouve dans un lieu, il y vit par son savoir. Nulle part le savant n'est un étranger."

Le savant-même de modeste origine- est aux yeux de l'Islam grand et noble; l'Islam ne tient compte ni de la lignée, ni de la naissance; il tient compte seulement du savoir, des actes, de la piété et de la pureté. Si le savoir voyage dans un pays, il peut y vivre par son savoir, il n'est étranger dans aucun pays.

La science est la base du succès dans la vie. Par elle, le pauvre peut atteindre les rangs les plus élevés, les postes les plus importants dans la nation islamiques. Grace à savoir et à l'instruction, les différences sociales s'évanouissent et triomphent alors l'égalité et l'équité des opportunités. L'Islam était la religion de la véritable démocratie, de la justice absolue et de la plus totale égalité, la pauvreté ou la modeste de l'origine ne peuvent pas être un obstacle empêchant l'homme d'atteindre les rangs élevés et les postes importants dans le monde islamique.

L'homme est celui qui dit: "Voilà ce que je suis," pas et non: "mon père était un tel!"

Les Musulmans seront jugés d'après leur savoir, leurs actes et non point d'après leur naissance, leur race ou leur origine. Les pères, les ancêtres, la naissance, la lignée, la richesse ou la pauvreté sont sans poids dans l'Islam; la justice est une nécessité; on ne différencie entre un arabe et un étranger que par la piété, les bonnes actions, la valeur du savoir et des mœurs.

L'instruction est sans aucun doute l'un des droits de l'homme; elle lui est aussi nécessaire que l'eau, l'air et la nourriture. Si l'homme veut vivre, il doit s'instruire et nous avons pour devoir de l'instruire.

Si la connaissance illumine une nation, elle réalisera sans tarder ses espoirs".

Une nation où l'instruction est générale, réalisera certainement ses espoirs, sa liberté et son indépendance, et le colonialisme ne pourra pas l'arrêter. L'instruction est la meilleure chose que possèdent les meilleurs des hommes; elle est le moyen le plus sur pour relever les pays en voie de développement: elle est le meilleur des dons; quant à l'ignorance, elle est le pire des vices; une vie d'ignorance n'est que mort. Pour l'homme, l'instruction est une des nécessités de la vie.

Les savants de l'Islam encourageaient les étudiants à s'instruire, à se cultiver, à rechercher la vérité et à connaitre les idées et les opinions, et à les appliquer dans la vie pratique; en outre, ils poussaient à quitter le pays et à faire de longs voyage à la recherche de la connaissance.

POURQUOI L'ISLAM

ENCOURAGE-T-IL L'INSTRUCTION ?

Dès le premier verset qui fut révélé au Prophète l'Islam encourage l'instruction, car elle est le premier des devoirs, et le moyen qui permet à l'homme de s'élever, de réformer les peuples et le monde, cela si toutefois connaissance et action vont de pair, Al-Ghazali dit: "Si un homme ressoude cent mille problèmes scientifiques et les apprend sans les appliquer, ils lui sont complètement inutiles. Si tu lis cent mille ans et si tu possèdes cent mille volumes, tu ne seras préparé à recevoir la clémence de Dieu qu'à condition que tu agisses.

Al-Ghazali pense que la connaissance seule est insuffisante; il faut qu'elle s'accompagne de l'action: "Les hommes sont tous destinés à périr, à l'exception des savants; les savants sont tous destinés à périr à l'exception de ceux qui agissent; ceux qui agissent sont tous destinés à périr à l'exception de ceux qui sont sincères".

Il exige que le musulman cultivé applique ce qu'il sait et se donne à son œuvre. Pour lui, c'est polir le miroir de l'âme des impuretés du monde et de la bassesse, c'est se parer de ces vertus à savoir: la patience, la gratitude, les bonnes mœurs, les nobles sentiments, la sincérité, la dévotion et la piété; c'est éviter les péchés tels que l'impatience, l'ingratitude, l'envie, la rancune, la supercherie, la fierté, l'orgueil, la vanité et l'hypocrisie.

Les philosophes de l'Islam ont senti combien l'action était importante pour raffermir la connaissance et consolider son influence. Le Prophète dit: L'homme rejette une connaissance qu'il sait ne lui être d'aucune utilité".

Al-Qortobi dit dans son ouvrage (Gama'e bayan al-'ilm wa fadlihi T.I. p. 118): "Un des savants musulmans dit: "Les échelons de la science les suivants: désirer, écouter, comprendre, étudier, agir, diffuser", ce qui veut dire que d'abord l'homme désire s'instruire, puis écoute les dires des savants, les comprend, les étudie, enfin applique ce qu'il sait puis le diffuse et répand parmi les gens les idées et les opinions qu'il a assimilées. Ceci est l'idéal de toute éducation et de toute instruction.

Il est inutile de citer les bienfaits de la science de l'instruction, et les méfaits de l'ignorance. Nous pouvons affirmer que pour qu'une nation progresse il faut que l'instruction y soit générale, que l'action et la connaissance soient les seuls moyens de sauver les hommes de l'ignorance et du vice. L'éducation et l'instruction répandus dans toutes les classe e la société des pays développés ont pour résultat la civilisation moderne, le progrès de la science et des inventions, le pouvoir créateur que nous voyons dans ces nations.

Il faut que l'instituteur applique son savoir dans sa vie; il ne faut pas que ses gestes démentent ses paroles; celui qui interdit aux autres ce qu'il se permet se faire est un poison mortel; il est l'objet des moqueries, des accusations des gens qui entreprennent de plus belle ce qu'il a interdit. Le professeur qui guide est à l'élève ce que la tige est à l'ombre: l'ombre d'une tige courbée peut-elle être droite? On a dit à ce propos: "N'interdis pas à autrui ce que tu entreprends toi-même. Il est fort honteux d'agir de la sorte."

Dieu dit: "Vous ordonnez à autrui de faire le bien, Et vous donc?" C'est pour cette raison que la désobéissance du savant est un péché plus grand que celui de l'ignorant, car nombreux sont ceux qui imitent son péché et suivent sa trace. Celui qui institue une tradition néfaste porte son péché et le péché de ceux qui le suivent, et c'est pour cela que le Prophète dit: "Deux hommes m'ont fait beaucoup de mal: le savant licencieux et l'ignorant dévot; car l'impudence du savant et la dévotion de l'ignorant induisent les hommes en tentation." Le Prophète dit aussi: "L'homme qui n'applique pas son savoir n'est point considéré comme savant." Il dit aussi: "Celui qui acquiert la connaissance sans acquérir la grâce s'éloigne de Dieu".

Omar dit: "Ce que je crains le plus pour cette nation c'est le danger du savant hypocrite." Ils lui demandèrent: "Qu'est-ce qu'un savant hypocrite?" Il répondit: "Celui qui est savant par le langage, hypocrite par le cœur et les actes".

Al-Hassan dit: "Ne sois pas de ceux qui recueillent le savoir des savants, les paroles des sages et qui suivent dans leurs acte le chemin des fats." Un homme dit à Abi-Horayra: "Je voudrais m'instruire, mais je crains de perdre la connaissance." Il lui répondit: "Ignorer la connaissance, c'est la perdre."

Dieu dit: "Cela est grandement haïssable auprès d'Allah que vous disiez ce que vous ne faites pas,"

Abou A-Darda dit: "Malheur une fois à celui qui ne sait pas; malheur sept fois à celui qui sait et n'applique pas ce qu'il sait."

Makhoul rapporte que 'Abdel-Rahman Ebn Ghanan avait dit: "Dix des compagnons du Prophète m'ont dit lorsque le Prophète apparut et nous dit: apprenez ce que vous désirez, mais Dieu ne vous récompensera que si vous appliquez votre savoir." Si la religion islamique exige le savoir, elle exige l'action, car le savoir sans l'action est tel un arbre sans fruits.

"O toi qui donne des conseils, tu es accusé si tu interdis des actes que tu accomplis toi-même."

"Tu leur prêches des sermons avec assiduité, mais tu perpètres le pure des crimes.

"Tu accuses le monde et ceux qui le convoitent, mais ton désir est plus intense que le leur."

On a dit: "Apprenez ce que vous ignorez afin d'agir selon ce que vous avez appris."

"Celui qui sait et n'applique pas ce qu'il sait est pareil à la femme qui a commis l'adultère secrètement, qui conçut et lorsque son péché fut alors découvert, elle fut couverte d'opprobre; ainsi sera couvert d'opprobre par Dieu le jour du Jugement Dernier celui qui n'applique pas son savoir."

Nous entendons souvent d'amères critiques sur le fait que des maladies telles que la bilharziose et l'anklistome sont répandues dans le pays, qu'il y a de nombreux mendiants, infirmes, aveugles et cela à tel point que dans notre pays, se trouve le plus haut pourcentage du monde d'aveugles; nous entendons parler de la dissolution des mœurs, du grand nombre d'accidents et de crimes; or si nous instruis on véritablement le pays, très certainement le niveau hygiénique, moral et social s'élèvera. Le Ministère de l'Education et de l'Enseignement a fort bien agi en instituant l'instruction gratuite au niveau primaire et secondaire afin de donner aux riches, aux pauvres et à tous ceux qui n'en ont pas les moyens, la possibilité de s'instruire. Il est de notre devoir d'instruire tout citoyen de la R.A.E. Tout individu du monde islamique et arabe doit s'instruire, car la connaissance est la voie qui m-ne à la liberté, à la fortune, au progrès et à la renaissance.

Il faut instruire la nation pour diminuer le nombre des pauvres, ne point permettre aux enfants de prendre un emploi avant qu'ils ne se soient instruits; et il a fut absolument les éduquer pour les préparer à gagner leur subsistance et à mener une vie meilleure que celle que mènent les ignorants; nous devons d'abord donner aux jeunes une instruction théorique, puis une instruction industrielle, agricole et commerciale et enfin leur trouver un travail où ils s'engageront après avoir appris un art ou un métier; cela pour mettre fin à l'ignorance, à la pauvreté, à la maladie, et pour ne pas étouffer l'intelligence des citoyens de la R.A.E. Si nous accomplis sons cela, nous verrons la naissance d'une génération nouvelle au corps sain, à l'esprit sage, aux mœurs accomplies qui pourra réaliser à la nation ses espoirs de gloire et de grandeur.

Les pays islamiques de l'Orient et de l'Occident, pour reconquérir leur gloire passée et leur grandeur révolue doivent répandre l'instruction, et la généraliser. L'ignorance est un mal, c'est la raison première de la régression par rapport aux jours passés, jours de gloire et de grandeur. L'instruction est le seul moyen qui permet de progresser dans tous les domaines. L'Islam est une religion de connaissance et de lumière, sans aucun défaut; il exige l'instruction aussi bien pour l'homme que pour la femme. "L'instruction est un devoir que doit accomplir tout musulman et toute musulmane", a dit le Prophète. Quand donc viendra le jour où l'instruction sera générale dans le monde islamique en entier? Quand donc mettrons-nous fin à l'ignorance? Et quand donc fêterons-nous la disparition du dernier illettré de la R.A.E. et de la nation arabe?

CHPITRE  III

L'HOMME SAVANT et L4HOMME INSTRUIT ou L'INSTITUTEUR et L'ELEVE

Les philosophes de l'Islam se sont intéressés au sujet de l'homme savant et de l'homme instruit, de l'instituteur et de l'élève, leurs droits et leurs devoirs; ils se sont étendus longuement sur les qualités dont ceux-ci doivent se revêtir. Al-Qortobi parle dans son livre "Gama'e bayan al-'ilm wa fadlihi" des mœurs de l'homme savant et de l'homme instruit; de même al-Ghazali dans "Fatihat al-'ouloum" et "Ihya' 'oloum al-dine" nous entretient du même sujet. Le maitre devait être vénéré et glorifié; il fut placé dans le rang subséquent à celui des Prophètes. Le Prophète dit: "L'encre du savant est meilleure que le sang des martyrs." Le savant est meilleure que le sang des martyrs." Le savant actif est meilleur que le dévot qui consacre ses journées au jeune et ses nuits à l'adoration et à la prière. Al-Ghazali souligne l'importance de la connaissance et de l'action lorsqu'il dit: "Celui qui sait et applique ce qu'il sait est considéré comme grand dans le royaume des cieux. Il est tel le soleil qui illumine et est illuminé, tel le musc qui parfume et est parfumé. Celui qui  enseigne est chargé d'une importante mission et d'une œuvre noble et il doit préserver ses mœurs et son rang".

Le poète Ahmad Chawki a reconnu les mérites du professeur lorsqu'il dit:

Lève-toi devant le professeur et glorifie-le, car le professeur est quasi un Prophète".

Le professeur est le père spirituel de l'élève. Il nourrit son âme par le savoir; il éduque et forme son caractère; si nous le vénérons et l'estimons, nous vénérons et estimons nos fils, à travers lui, ils vivent et s'élèvent, à condition qu'il remplisse pleinement sa mission.

Abou al-Darda dit: "Le professeur et l'élève sont deux compagnons dans le vertu, point de vertu au-delà".

Au Moyen-Age, dans les instituts de l'Europe, on traitait les professeurs avec dureté et cruauté; l'instituteur faisait vœu d'obéissance au recteur de l'Université et il devait se plier aux règlements que celle-ci lui imposait Si cinq étudiants, au moins, n'assistaient pas à ses cours, il était considéré absent et passible de payer une amende. L'élève était chargé de dénoncer le professeur si ce dernier s'absentait sans permission. A cette époque, par contre, dans les Instituts islamiques, le professeur était entouré de vénération et d'attention; il était traité avec respect et considération; il avait une position élevée et une liberté absolue quant à l'enseignement, le choix des matières, les horaires des cours et le nombre de conférences qu'il donnait.

Les qualités que doit posséder le professeur dans l'éducation islamique sont:

  • La dévotion et l'enseignement pour mériter la grâce de Dieu:

Le professeur avait un rang élevé, sacré, et il lui incombait des devoirs en rapport avec ce rang. Il devait être détaché de ce monde ici-bas, recherchant par l'enseignement la grâce de Dieu. Il ne devait pas s'attendre à un salaire, une paye ou une rénumération matérielle, tout ce qu'il désire par son enseignement, c'est l'acquisition de la grâce de Dieu, la diffusion de la science et de l'instruction. Pour pouvoir subsiste et gagner leur vie, les instituteurs copiaient les livres et les vendaient.

Durant de nombreux siècles, les savants islamiques n'acceptèrent point de paye de leurs élèves, mais, avec le temps, les écoles furent fondées et des salaires furent fixés pour les professeurs; de nombreux savants protestèrent; ils critiquèrent ce système et s'y opposèrent, et cela par piété et par dévotion.

Nous pensons que le fait d'accepter un salaire ne s'oppose pas à la recherche de la grace de Dieu et au détachement des biens de ce monde car le savant- bien que détaché des liens terrestres et ascète- a besoin d'une somme d'argent pour subvenir à ses besoins.

  • La pureté:

Le professeur doit avoir le cœur et le corps purs; il ne doit point commettre de fautes ou de péchés; il doit avoir l'âme pure; il doit être exempt des péchés d'orgueil, d'hypocrisie; d'envie, d'animosité, de haine et des autres défauts.

"Deux hommes sont le fléau de ma nation: le savant débouché et l'ignorant pieux, le meilleur des meilleurs est le meilleur des savants et le pire des pires est le pire des savants".

  • La conscience professionnelle:

La loyauté du savant à l'égard de son travail est le meilleur moyen d'assurer son succès dans sa profession, ainsi que le succès de ses élèves. La loyauté c'est d'agir selon ses dires, de faire concorder actes et paroles, de ne point rougir de dire: "Je ne sais pas". E véritable savant est celui que ressent le besoin d'accroitre sans cesse son savoir, qui, dans la recherche de la vérité se place sur le même plan que ses élèves, qu'il leur soit dévoué, qu'il respecte leurs horaires; et comme il est modeste, rien ne l'empêche de profiter de leurs connaissances. Il doit être sage et ferme dans ses actes et ses paroles; doux sans faiblesse, fort sans violence.

  •  La prière:

Le professeur doit être patient avec ses élèves; maitre de lui, réprimer sa colère, avoir un grand cœur, calme, ne pas s'irriter pour les raison les plus futiles.

  • La gravité et la dignité:

Pour atteindre la perfection, le professeur doit être grave et digne, avoir du prestige, être au-dessus des bassesses, mépriser la laideur. Il ne doit pas vociférer, parler à tort et à travers et cela afin d'être respectable, vénéré et considéré.

  • Le professeur doit être un père avant d'être un maitre:

Le professeur doit porter à ses élèves l'amour qu'il porte à ses fils; il doit les considérer comme ses enfants. Sur cette base se fonde l'éducation islamique. Le fils d'élection (l'élève) doit etre plus cher au professeur que son véritable fils. Le père qui porte ses enfants dans son cœur est commun, mais le père qui porte les enfants d'autrui dans son cœur est compté comme un père idéal accompli. Les élèves les plus dignes d'amour et de tendresse sont ces enfants qui viennent de foyers touchés par le malheur; ils n'aiment personne, car ils sentent que personne ne les aime. Le professeur peut saisir l'opportunité d'atteindre les cœurs de ces malheureux afin de sauvegarder leur vie, de sauver leur cœur de la misère et de la mort; il doit faire de son mieux pour les aider et aplanir les obstacles qui barrent leur route, étant ainsi un véritable père tendre qui leur donne son affection, consolide leur faiblesse et partage leurs sentiments.

  • Il doit être un pédagogue:

Il doit connaitre la nature des enfants, leurs penchants, leurs habitudes, leurs gouts, leurs pensées afin de ne pas faire fausse-route dans leur éducation. Ce sont ces principes que proclament les éducateurs du XXème siècle. L'éducation islamique exige que le professeur connaisse les aptitudes des enfants et leur nature, et prenne cela en considération dans leur éducation à leur niveau intellectuel; "Il ne doit pas les faire passer du visible au microscopique ou de l'exotérique à l'ésotérique dès la première étape, mais selon leurs aptitudes. En d'autres termes; il ne doit pas passer du facile au difficile, du clair à l'obscur, brusquement; mais il doit avancer graduellement selon les aptitudes des enfants, leur intelligence et leur degré de compréhension.

  • Le professeur doit posséder la matière qu'il enseigne:

Le professeur doit persévérer dans la recherche et la lecture afin que son savoir ne soit pas un savoir superficiel qui n'enrichisse point ses élèves. Le professeur du cycle supérieur des études avait une position importante: il jouissait de la confiance et de l'estime de ses élèves et de leurs parents: à l'opposition de ses collègues qui enseignement au cycle des études primaires et qui ne jouissaient pas des mêmes prérogatives.

Certains écrivains n'avaient ni respect ni considération pour les professeurs des petites classes. Par exemple ai-Ghazali conseillait de ne pas recourir aux instructeurs d'enfants.

Mais d'un autre coté, nombreux sont les savants célèbres qui enseignaient aux enfants, comme al-Komait, Al-Dahak Ebn Mouzaheum, 'Abdellah Ebn Al-Harith, Abou Obaid Al-Kassem, le gouverneur de la province de Khorassan.

On raillait Al-Haggag, car il avait été instituteur à Taif; à ce moment, il portait le nom de Koulaib; un poète l'a critiqué en qu'il acceptait le pain en guise de rétribution:

"Koulaib oublie-t-il les jours maigres où il enseignait, la sourate d'Al-Kawsar? Un pain lui semblait être un astre, et l(autre la lune resplendissante."

On trouve dans les ouvrages islamiques de nombreuses indications concernant l'instituteur des écoles primaires; nous choisissons quelques textes que nous citons ci-après:

"Il ne doit pas partager la nourriture avec les enfants; il ne doit pas écrire des affiches et les coller à la porte de l'école pour attirer les élèves, car une telle action n'est digne que du vulgaire; il ne doit pas favoriser les élèves riches au détriment des pauvres; il ne doit pas utiliser les élèves dans ses taches ménagères; il doit enseigner lui-même aux élèves, si cela lui est trop difficile, il peut charger quelques-uns des plus âgés de l'enseignement des plus jeunes. Ce système dans l'éducation permet la participation des élèves dans l'éducation: ils s'instruisent mutuellement.

Abou-Chama Al-Chaféi dans son ouvrage "Magmou'at Al-Rassa'el" (Recueil des traités)a considéré comme suit les mœurs requises du professeur des jeunes garçons:

"Il doit commencer par se former, lui-même, car leurs yeux le regardent et leurs oreilles l'écoutent: ce qui est beau pour lui l'est pour eux, et de même ce qui est laid. Il doit être peu loquace. La crainte doit être à la base de sa formation, mais il ne doit pas exagérer les coups et les châtiments. Il ne doit pas chercher à plaire à quelqu'un en leur présence: il ne doit pas admettre leurs absences; il ne doit pas solliciter les faveurs de leurs parents." Ce sont tous là des conseils précieux auxquels la pédagogie ne trouve rien à redire.

Le précepteur ou le professeur particulier:

Le professeur ou professeur particulier est celui qui se charge de l'éducation d'un ou de plusieurs enfants des nobles et des Khalifes. Il l'instruit, le forme soit dans sa maison soit dans son palais. Le père collabore avec la précepteur dans le choix des matières qui seront enseignées à son fils. L'élève poursuivra ses études jusqu'au moment où il atteindra le niveau voulu. Pour que le précepteur puisse surveiller de près son élève princier, il lui était aménagé une aile dans la palais, pour qu'il puisse y vivre, y prendre ses repas et y dormir. Le précepteur donnait à son élève quatre heures ou plus de sa journée et il passant plusieurs années à l'éduquer et à le former

Les Khalifes respectaient les précepteurs de leur fils et les entouraient de leur sollicitude: ces derniers avaient un grand prestige littéraire dans la société. Seuls quelques ascètes refusèrent cette place de choix et cela à cause de leur grandeur d'âme et de leur détachement des biens de ce ,onde tels Al-Khalil Ebn Ahmad, Abdallah Ebn Edris, qui préfèrent ce consacrer à l'enseignement publie plutôt que de se limiter à celui des fils d'une classe privilégiée.

Pour prendre connaissance de l'opinion de Abdel-Malek Ebn Marwan sur l'éducation, nous citerons la recommandation qu'il fit au précepteur de ses enfants:

"Enseigne-leur la franchise comme tu leur enseignes le Coran: éloigne-les des gens bas car ce sont là les personnes les moins pieuses et les moins polis; éloigne-les des serviteurs, car ils leur porteront tort: nourris-les de viande afin qu'ils se fortifient; enseigne-leur la poésie, ils deviendront glorieux et grands; ordonne-leur de se frotter les dents, de boire l'eau lentement; si tu dois leur faire des reproches, fais-les discrètement sans que quelqu'un ne le sache et qu'alors il les raille."

Abdel-Malek conseille au précepteur de donner à ses fils le pli de la francise; il doit apporter au coté morale le soin qu'il apporte à l'étude du Coran et à son explication; il doit les éloigner des gens bas et débauchés afin qu'ils ne répètent pas leurs vils propos et qu'ils n'imitent pas leurs actions répréhensibles, et qu'ils ne leur ressemblent pas dans leur impiété et leurs mauvaises mœurs. Il doit leur éviter le contact des serviteurs et des domestiques, car ils peuvent corrompre leurs mœurs et leurs matières. Il doit les nourrir de viande afin de fortifier leurs corps et qu'ils ne s'anémient pas physiquement; il doit leur enseigner la poésie, la métrique et les rimes afin de leur faire gouter la poésie, de leur donner la possibilité de devenir célèbres et de s'élever jusqu'aux plus hautes dignités dans la vie. Il ne doit pas négliger leurs dents et les enjoindre à se les brosser car elles mènent à l'estomac qui est sensible à toute nourriture et à toute boisson. Il doit leur donner de bonnes habitudes hygiéniques et les enjoindre à boire lentement. Lorsqu'il les réprimande il doit le faire discrètement; ceux qui répandent les secrets ne doivent pas prendre connaissance de ces blâmes; et de ces punitions, et cela afin de préserver leur rang et leur dignité et de ne pas les exposer au mépris.

Dans cette recommandation Abdel-Malek n'a pas pris en considération l'éducation scientifique, religieuse et littéraire uniquement, mais aussi l'éducation morale, physique, linguistique et sociale.

Les conseils et les recommandations différent selon les pères et leurs opinions sur l'instruction de leurs fils; nous en citerons quelques-uns:

'Omar Ebn 'Okba dit au précepteur de son fils:

"Commence l'éducation de mes fils par ta propre éducation, car leurs yeux t'observent; pour eux, le bien est ce que tu fais et le mal ce que tu évites. Enseigne-leur le livre de Dieu sans les en lasser afin qu'ils ne l'abandonnent pas et sans le négliger afin qu'ils ne le délaissent pas. Rapporte-leur les préceptes du Prophète, la poésie la plus belle. Ne change de sujet que lorsqu'ils auront épuisé le premier, car trop de connaissance encombrent l'esprit. Enseigne-leur les traditions des sages. Evite-leur les conversations avec les femmes. Ne compte pas sur une excuse de ma part, car je mets ma pleine confiance en ta compétence". Et dans une autre version: "Instruis-les des actions des sages et des mœurs des hommes de mettre. Sois pour eux un médecin qui ne prescrit le remède que lorsqu'il qualifie la maladie".

Il conseille au précepteur de ses enfants de s'éduquer lui-même, pour leur donner le bon exemple, car il est leur idéal; ils le regardent faire et imitent ses faits et gestes: ils approuvent ce qu'il fait et désapprouvent ce qu'il évite. Il doit leur enseigner le livre de Dieu afin qu'il soit pour eux un guide et une lumière, mais il le met en garde de ne point les en lasser afin qu'ils ne s'en détournent pas; il doit les encourager à étudier le Coran, à le comprendre et à en tirer profit. Il ne doit pas le négliger, car alors ils l'abandonneraient et le délaisseraient. Et comme tu prends soin de l'étude du Coran, tu doit leur faire connaitre les préceptes du Prophète; choisis pour eux les genres les plus purs de la poésie arabe; éloigne-les la poésie amoureuse et de la poésie satirique afin qu'ils n'en subissent pas l'influence. Ne les fais pas passer d'un sujet a un autre avant qu'ils n'aient maitrisé le premier et qu'ils y aient excellé, car perfectionner un sujet aide l'élève à le retenir et le trop grand nombre de matières dans un programme encombrent l'esprit de l'élève. Rapporte-leur la vie des sages, leurs actions, leur manière d'agir, afin qu'elles leur soient un guide. Évite-les-leur conversations avec femmes, afin qu'ils ne tombent pas dans l'égarement et dans l'erreur. Ne compte pad sur une excuse de ma part; j'ai mis ma pleine confiance en ta compétence, en ta sincérité et en ta loyauté. Sois pour eux semblable au médecin habile qui détecte la maladie, la diagnostique et ensuite entreprend de la soigner.

Tout professeur ou précepteur doit s'inspirer de cette précieuse recommandation. Le professeur doit avoir des mœurs parfaites, être maitre de sa science, encourager les élèves à étudier le Coran et les préceptes du Prophète, et il doit en outre, leur en inspirer le désir. Il leur choisira la poésie la meilleure, la plus pure. Les élèves doivent suivre les pas des sages dans leur vie, éviter les femmes et s'adonner à l'étude et à la recherche.

Hicham Ebn Abdel-Malek dit à Souleiman Al-Kalbi, précepteur de son fils: "Mon fils est la prunelle de mes yeux, et je t'ai confié le soin de son éducation. Crains Dieu et accomplis fidèlement  ta mission. Je te recommande en premier lieu de lui enseigner le livre de Dieu; puis rapporte-lui la plus belle poésie; ensuite accompagne-le dans les quartiers des Bédouins et récolte leurs vers les plus beaux; fais-lui discerner le bien et le mal; narre-lui les campagnes militaires et les discours".

Hicham dit au précepteur de son fils: Que son fils est ce qu'il a de plus cher au monde, qu'il lui a confié le soin de l'instruire et de l'éduquer. Il lui recommande de craindre Dieu et d'accomplir la mission qui lui & été confiée car la bonté de l'instituteur a une profonde influence sur l'ame de l'élève. Seules la science et la piété de l'homme vertueux sont profitables. Hicham enjoint le précepteur à prendre soin de l'étude du Coran, puis de celle de la poésie afin de former le gout de son élève, de lui permettre de discerner la perfection du style, la richesse de l'imagination et la profondeur de la pensée. Hicham lui recommande ensuite de déambuler avec son élève à travers les quartiers des Bédouins afin de recueillir le meilleur de leur poésie et d'en apprendre le plus beau; il faudrait aussi que le précepteur informe son élève de ce que Dieu a autorisé et ce qu'il a interdit, qu'il soit avisé en ce qui concerne la religion, qu'il sache ce que est licite et ce qui est illicite, qu'il suive le premier et évite le second. Il faudrait que le précepteur encourage son élève à prendre connaissance et à étudier les discours des orateurs, et qu'il tire profit de la profonde sagesse des opinions judicieuses, des précieux conseils, des figures de rhétorique qu'il y trouve, qu'il comprenne le sens profond de chaque discours et qu'il saisisse ce que l'orateur entend par son discours.

A l'époque Fatimide, les Khalifes instituèrent des écoles privées dans leurs palais afin d'y instruire les fils des gouverneurs et de la noblesse islamique et cela pour leur donner la formation nécessaire qui leur permettra de remplir les fonctions importantes de l'Etat.

Les droits et les devoirs des élèves dans l'éducation islamique:

Comme l'éducation islamique fixa les droits et les devoirs des professeurs, elle délimita ceux des élèves et spécifia les qualités qu'ils devaient avoir. Parmi ces droits, citons: avoir toutes les facilités pour pouvoir s'instruire, avoir l'opportunité de s'instruire sans qu'il y ait aucune discrimination entre le riche et le pauvre.

Le voyageur Ebn Djoubair a décrit toutes les facilités qu'avaient les étudiants pour étudier et s'instruire: de grandes écoles furent instituées, des biens furent immobilisés pour l'entretien des élèves et des professeurs, des palais furent érigés pour leur habitation, des annexes furent préparées et aménagées pour eux; Ebn Djoubair compte tout cela parmi les plus grandes gloires de l'Islam et des Musulmans. Celui qui désire le succès devait partir pour le Maghreb, là il trouvera de l'assistance; cela n'est pas pour nous étonner, car les Musulmans avaient de l'estime et de la vénération pour ceux qui recherchaient la connaissance, car pour eux la chose la plus noble du monde était le Savoir et la connaissance. Les Musulmans disaient que celui qui recherche la connaissance suit le chemin du paradis.

Parmi les devoirs que l'étudiant ne devait jamais oublier sont les suivants:

  • Purifier son cœur avant d'entreprendre son instruction, car l'étude et l'instruction sont une prière, or, seulement lorsqu'on a le cœur pur on peut prier. Il devait aussi se parer des vertus telles la franchise, la sincérité, la crainte de Dieu, la modestie, la dévotion et le contentement; il devait éviter les vices tels la rancune, l'envie, la haine, l'orgueil, la fourberie, la fatuité, la vanité.
  • Par l'instruction l'élève devait acquérir la vertu et à se rapprocher de Dieu, et non point s'enorgueillir, se vanter et se flatter.
  • L'élève devait persévérer dans la quête de la connaissance, ne pas hésiter à quitter famille et partie et s'en aller jusqu'aux confins du monde, si cela était nécessaire, à la recherche d'un maitre.
  • L'élève ne devait pas changer souvent de professeur, et devait réfléchir longuement avant de prendre une telle décision.
  • L'élève devait respecter, honorer et vénérer son professeur; il devait le contenter par ses études.
  • L'élève ne devait pas irriter son professeur par un très grand nombre de questions, et ne point le harceler de ses réponses. Il ne devait pas le précéder prendre sa place ou parler sans sa permission.
  • L'élève ne devait pas divulguer les secrets de son professeur, ni calomnier quelqu'un en sa présence; il ne devait point tenter de l'induire en erreur, et si le professeur  commettait une erreur il devait accepter ses excuses.
  • L'élève devait être sérieux et persévérant dans ses recherches. Il devait chercher à recueillir la connaissance, jour et nuit, sans interruption, en commençant par les sciences les plus importantes.
  •  Il fallait que la fraternité, l'affection et la tendresse règnent entre les étudiants, et qu'ils soient tels les fils d'un même homme.
  • L'étudiant devait saluer le professeur en premier lieu, parler peu en sa présence, ne point lui dire "un tel contredit tes dires", ne point questionner son camarade en sa présence.
  • L'élève devait assister régulièrement à ses cours, étudier au commencement et à la fin de la nuit: "les heures entre le crépuscule et l'aube sont sacrées". Celui nous rappelle ces vers: "O toi qui aspire au savoir, pratique la dévotion, ne laisse ni le sommeil ni la faim t'en détourner".
  • L'élève devait prendre la décision de se donner à la science jusqu'ç la fin de ses jours, qu'il ne négligeât aucune science; mais aussi qu'il donna à chacune sa juste valeur; il ne devait en aucune manière se laisser influence par les réputations de ses prédécesseurs à propos de la valeur e certaines sciences telles la logique et les maximes.

Les principes fondamentaux se rapportant au professeur et à l'élève sont les suivants:

  • La perfection morale est supérieure à la connaissance:

Les Musulmans considèrent que la perfection morale passe avant le savoir et ils pensent qu'elle est le pilier du succès du professeur et de l'élève. Comme les ablutions précèdent la prière, de même le professeur et l'élève doivent commencer par se purifier des vices et des imperfections, car l'étude est l'une des formes de la prière. Cela est la sagesse et la raison même, car toute éducation qui ne se fonde pas sur le perfectionnement moral va vers un échec certain, de même que toute civilisation qui ne se fonde pas sur le bien et la vertu est comme le mirage, trompeur et fictif.

  • La vénération de la science et des savants:

L'un des principes les plus admirables de l'Islam était la vénération du savoir, de la connaissance, des savants et des instituteurs. Le savoir et les professeurs étaient sacrés pour l'Islam et le Musulmans, et c'est pour cette raison que le professeur et l'élève se dévouèrent loyalement à l'étude, à la recherche et y persévérèrent. Il y eut parmi les Musulmans des savants et des intellectuels de génie. Mais l'un des résultats de cette vénération fut l'affaiblissement de l'esprit critique entre les savants.

  • Observation de la solidité des liens, de la concorde et de l'affection entre professeur et élèves:

On exigeait le professeur fut compatissant à l'égard de ses élèves, qu'il les comme ses fils; quant aux élèves, ils devaient contenter leur professeur, le respecter et le vénérer.

La solidité des liens, de la concorde et de l'affection entre élèves et professeur assurait la réussite de l'instruction et de l'éducation. Le succès de l'éducateur dépendait de l'esprit de confiance et d'équité qu'il inculquant à ses élèves; et lorsque ces derniers sentaient sa tendresse et son affection, les difficultés s'aplanissaient devant eux; en effet si un élève n'aime pas un professeur il prend par le fait même le sujet que celui-ci enseigne en aversion; par contre, s'il porte de l'affection au professeur, il s'attachera à son sujet et s'y intéressera.

Les pédagogues de l'islam ont souligné l'influence des bons rapports entre professeurs et élèves, sur l'instruction et l'éducation. C'est pour cette raison qu'ils observèrent ce principe; ils étudiaient les penchants des étudiants, leur niveau intellectuel et scientifique et essayaient de trouver la meilleure méthode pour leur faire assimiler les connaissances et les faire évoluer. Ils leur inspiraient le désir de s'instruire et tentaient de leur rendre les sujets désirables. Ils n'usaient pas de menace et d'intimidation; mais, par contre, encourageaient l'usage de l'éloge, de la louange et l'abstention du blâme et de la remontrance.

Ils réussirent pleinement dans leur mission scientifique et l'éducation islamique est considérée comme l'éducation idéale du coté humain.

Les devoirs du professeur d'après al-Ghazali:

 

  • Qu'il ait la compassion pour ses élèves et qu'il les traite comme ses propres enfants. Le Prophète dit: "Je suis pour vous comme un père pour ses enfants".
  • Qu'il ne cherche pas par son enseignement de rémunération ou de remerciement mais qu'il le fasse dans un but gratuit et pour mériter la garce de Dieu.
  • Qu'il conseille son élève en toutes choses et, de plus, il doit savoir saisir la moindre occasion pour le conseiller et le guider.
  • Qu'il reproche à son élève ses mauvaises mœurs d'une façon indirecte et non point explicitement, qu'il le reprenne d'une manière clémente et non point par des remontrances. Si l'élève fait une faute, al-Ghazali conseille au professeur de la réprimander par un geste ou par une insinuation, d'une manière tendre et de ne pas le blâmer ouvertement.
  • Que le professeur prenne en considération le niveau intellectuel de ses élèves, qu'il leur tienne des discours en harmonie avec leur intelligence; il ne doit pas leur enseigner des sujets qui dépassent leur compréhension afin qu'ils ne prennent pas l'instruction en aversion. Ceci est un des principes essentiels de l'éducation moderne.
  • Qu'il ne diminue pas aux yeux de ses élèves les matières enseignées par d'autres maitres: il doit au contraire ouvrir de nouveaux horizons pour ses élèves quant aux autres sujets et n'être point fanatique.
  • Il doit mettre à la portée de l'élève faible des choses claires qui lui, conviennent et ne pas lui faire sentir sa faiblesse car cela attiédira son désir de s'instruire et mettrait de la confusion dans son esprit. Il faut lui choisir des sujets faciles et abordables qui lui conviennent afin de ne pas lui faire sentir qu'il est faible et stupide, et de ne pas lui faire une mauvaise impression, car une telle autosuggestion lui ferai du mal.
  • Le professeur doit appliquer son savoir, et ses actions ne doivent pas démentir ses paroles. Le Prophète a dit: "L'homme n'est vraiment savant que s'il applique ce qu'il sait" et aussi "celui qui augmente son savoir mais n'avance pas dans le droit chemin s'éloigne de Dieu".

 

CHAPITRE  IV

L'ISLAM ET L'EDUCATION DE LA FEMME

Dans l'Islam, l'instruction est un devoir pour l'homme et pour la femme: la religion islamique ne fait point de discrimination entre l'homme et la femme en ce qui concerne leurs devoirs religieux, leur vie spirituelle et ne marque aucune distinction en ce qui concerne leur droit à l'instruction et à la culture. Le Prophète dit: "La recherche de l'instruction est un devoir pour tout musulman et toute musulmane". Dans l'Islam, tout musulman et toute musulmane ont pour devoir de s'instruire.

A l'époque préislamique, les femmes avaient droit à l'instruction. Il y avait parmi elles des femmes de lettres  et des poétesses. A l'avènement de l'Islam, la vie intellectuelle eut un regain d'activité chez les Arabes. Les femmes acquirent des droits sociaux dont elles ne jouissaient pas auparavant, et l'instruction se répandit parmi elles. Les écrivains et les historiens citent les noms des musulmanes instruites qui savaient lire et écrire. Aux premiers siècles de l'Islam, Al-Balazuri confirme que Hafsa épouse du Prophète lisait et écrivait, ainsi que Aicha fille de Saad, et que Aicha fille d'Abou Bakr lisait le Coran et avait acquis une profonde connaissance, le Prophète avait dit d'elle: "Complétez votre religion par l'intermédiaire de cette dame." Et, Orwa Ebn Al-Kubair dit à ce propos: "Je ne connais personne qui soit aussi versée qu'elle dans la doctrine, la médecine et la poésie."

Elle a rapporté plus de mille traditions du Prophète.

Parmi les femmes musulmanes qui se sont distingués on compte: Al-Khansa poétesse arabe connue par son talent poétique, son patriotisme sincère, sa fidélité et son esprit de sacrifice et Sakina, fille d'Al-Hussein poétesses femmes de lettres, musicienne et critique éméritées, les poètes affluaient de toutes parts vers sa demeure, et, se livraient à des joutes oratoires, en vers, en sa présence. Aicha, fille de Talha, suivit les traces de Sakina, elle se distingua dans la critique de la poésie et dans le chant. Les écrivains, les poètes se réunissaient chez elle, pour récitent et discuter leurs œuvres en sa présence.

Les livres arabes foisonnent de noms de musulmanes qui se sont distinguées dans les sciences religieuses, littéraires et médicales.

La femme musulmane s'est signalée par la conscience qu'elle apportait à son œuvre et par la précision et l'honnêteté dans ce qu'elle rapportait.

Ceux qui rapportaient les vers des poètes de l'épouse que préislamique et les savants célèbres se référaient à ses données. Le grand traditionnaliste Al-Hafiz Al- Dahabi dit: "Je n'ai pas connu de femmes taxées de mensonges ou dont les propos entachés de négligence". Parmi les femmes célèbres dans le domaine de la traduction citons: Karima Al-Marwazieh et Sayidah Al-Wizara qui furent d'entre les plus célèbres parmi ceux qui rapportèrent les traditions compilées par Al-Bokhari- traditions du Prophète-affirme que le nombre de fermi. Al-Hafiz Ebn Asaker- l'un des rapporteurs des mes qui furent ses professeurs s'élève à plus de quatre vingt.

Quiconque étudie le problème de l'instruction de la femme dans l'Islam se trouve devant deux opinions contradictoires.

  • L'une soutient que la femme doit étudier le Coran et la religion et rien de plus. Elle interdit qu'on lui enseigne l'écriture et la poésie.

Les partisans de cette opinion ont exagéré, allant jusqu'à prétendre que la femme manque d'intelligence et de foi et que cette déficience est une des raisons qui n'incite pas à son instruction. Un de leurs poètes dit à cet effet:

"Les femmes manquent d'intelligence et de foi. Nous ne les avons jamais entendus exprimer une idée judicieuse. En vue de la perfection. Dieu n'a pas choisi de prophètes parmi les femmes."

Parmi ceux qui défendent cette opinion, on compte Al-Kabissi, le juriste de Kairouan. Il ne voir pas d'inconvénient à ce qu'on enseigne le Coran et la religion à la femme mais non "la poésie", qu'elle apprenne plutôt ce qui assure sa sécurité et qui la protège contre la séduction. Et, ile serait préférable de ne pas lui enseigner l'écriture."

C'est un argument fallacieux qui porte préjudice à la femme et n'est pas adopté par la majorité des musulmans.

  • L'autre opinion réclame l'instruction pour la femme musulmane.

C'est une opinion judicieuse ayant pour fondement la Tradition du Prophète qui encourage l'instruction de la femme. Parmi ces Traditions, rappelons celle-ci; "La recherche de la connaissance est un devoir pour tout musulman et toute musulmane." Le Prophète dit aussi: "Un homme qui aurait à son service une fille qu'il instruirait et dont il complèterait l'instruction et la culture, en serait doublement récompense.' Le Prophète encourageait ses propres épouses à s'instruire.

L'opinion qui veut que la femme musulmane apprenne à lire et à écrire a prévalu; et la femme musulmane a atteint le plus haut degré de la

Science et de la culture. Elle reçut une éducation et une instruction remarquables durant l'âge d'or de l'Islam. Il y avait parmi elles des écrivains, des poétesses, des médecins et des institutrices. Ceux qui s'opposaient à son instruction ne purent atteindre leur but que dans les pays faibles et sous-développés. Dans ces pays, la femme fut privée d'instruction et de lumière. Elle fut reléguée dans son foyer, ignorante ne sachant ni lire ni écrire.

Dans les ouvrages relatifs à la littérature arabe et dans les Sirat, nous trouvons grand nombre de femmes musulmanes devenues célèbres. Citons quelques unes à titre d'exemple:

  • Aleyya fille d'Al-Mahdi, poétesse célèbre par son talent génial, ses vers avaient un sens délicat et un ton éloquent.
  • Aicha fille d'Ahmad Ebn Kadim, née à Cordoue, Nul homme en Andalousie, en son temps n'égalait son intelligence, son savoir, son éducation, son inspiration poétique, son éloquence, sa décence, sa vertu. Elle avait une splendide calligraphie et transcrivait le Coran; elle avait une collection d'ouvrages précieux dans sa bibliothèque et dans sa demeure. Elle mourut en 400 H.
  • Ouallada, fille du Khalife al-Mustakfi Billah, femme de lettres et poétesse. Elle rivalisait avec les écrivains et les poètes de son époque. Son palais était un cénacle que fréquentaient les littérateurs poètes, les ministres, les savants et les magistrats.
  • Loubna, femme de lettres dans le Dawan du Khalife Al-Hakem Ebn Abdel-Rahman, écrivain de talent, poétesse, mathématicienne et savante émerisée. Elle mourut en 302 H.
  • Fadl, une esclave qui se distingua dans la littérature, la poésie et le chant. Elle fut achetée et donnée comme présesent au Khalife Al-Moutawakkel. Elle était célèbre par son intelligence, par sa présence d'esprit et son talent dans la poésie lyrique qui nécessite une délicatesse dans le caractère, le sentiment et le don d'émouvoir. Elle égalait tous les génies qui vécurent en son temps, tels Al-Bohtori, Ebn Al-Roumi, Ali Ebn Al-Gahm.
  • Dans son ouvrage sur les médecins. Ebn Abi Oussiba'ah a mentionnée deux femmes médecins qui avaient étudié la médecine et la pratiquaient dont l'une Zeinab, de la tribu de Banu'ud, était une ophtalmologue célèbre.

Pendant la guerre, les femmes musulmanes soignaient les blessés, se mettaient à leur service, et les secouraient comme font de nos jours les dames du Croissant-Rouge et celles de la Croix-Rouge.

Omaya, fille de Kais de la tribu de Banu-Ghaffar, a dit: Je vins trouver le Prophète avec quelques femmes des Banu-Ghaffar, au moment où il se dirigeait vers Khaibar:

Nous lui dimes: "O envoyé de Dieu; nous voulons aller avec toi pour soigner les blessés et aider les Musulmans de notre mieux." Il répondit" "Avec la bénédiction de Dieu." Et Al-Rabi', fille de Ma'waz dit: "Nous allions à l'attaque avec le Prophète. Nous donnions à boire aux hommes, nous les servions et nous soignions leurs blessures. Nous transportions les morts et les blessés à la ville."

Parmi les femmes médecins, nous pouvons citer: Om Al-Hassan, fille du juge Ali Gaafar Al-Tangali, elle était exceptionnelle dans le domaine de la médecine, joignant à son habileté professionnelle une large culture et un savoir scientifique étendu; la sœur d'Al-Hafid Ebn Zahr et sa fille se distinguèrent dans le traitement des maladies et dans la gynécologie.

  • Durant le règne des 'Abbassides, au temps du Khalife Al-Moqtadir, les livres de l'histoire mentionnent qu'une femme musulmane devint juge. Les gens furent satisfaits de la manière dont elle rendait la justice; ils reconnurent ses mérites et ses capacités en matière juridique.

Bien que le domaine de la politique soit épineux, nous voyons que bon nombre de femmes musulmanes s'y engagèrent confiantes en leur éloquence, comptant sur leurs sentiments, aptes à émouvoir par leur présence d'esprit et leur bon oratoire. Citons, à titre d'exemple, la lutte qui opposa Ali et Mo'awyiya. Des femmes telles que Hind, fille de Yazid Al-Ansary' Al-Zarqua, fille de Adi Ebn Kais, Om Al-Khair Al-Bariqya et Akrasha, fille d'Al-Atrouche soutinrent la cause de Ali. Mo'aqiya Ebn Abou Soufian fut rempli d'Admiration à l'égard de ces femmes qui s'étaient opposées à lui, et qui avaient élevé ma voix contre lui. Il envoya chercher quelques-unes pour discuter avec elles, et savoir ce qu'elles feraient maintenant qu'Ali était mort et que lui, Mo'awiya, deviendrait Khalife.

Au cours des siècles, Al-Khayzarane et Shagaret Al-Dorr jouèrent un rôle important dans la politique de l'Etat islamique.

De ce qui précède, il apparait clairement que la femme musulmane ne se contenta pas de puiser et d'acquérir le savoir, mais elle tira avantage de ses connaissances, de sa perspicacité, de son gout pour les lettres et de son activité intellectuelle dans la politique, les questions sociales, la médecine, la jurisprudence et l'enseignement. Mais le plus grand nombre de femmes qui travaillaient professaient l'enseignement; tel est le cas d'ailleurs de nos jours. Les hommes enseignaient aux femmes et vice versa.

Certains savants et hommes de lettres s'inclinaient devant les mérites de la femme musulmane. Ebn Khalikane déclare que Om Al-Moayad, Zeinab, felle d'Al-Shir'ri avait recueilli la science d'éminents savants dont elle rapportait les opinions. Elle obtint un diplôme scientifique et littéraire. Ebn Khalikane confirme qu'elle lui avait délivré un diplôme écrit de sa propre main en l'an 610H.

On raconte, en outre, que Tarfa, fille d'Abdel Aziz Ebn Moussa, avait été l'élève d'un grand nombre de célèbres savants Andalous de son époque et qu'elle avait lu un grand nombre de leurs écrits et malgré qu'elle  fut mariée, son mari lui avait accordé la permission d'enseigner la substance de ses livres à ses étudiants. Un grand nombre de femmes s'étaient consacrées à donner l'enseignement religieux aux musulmanes.

Ceci est une brève description du chemin parcouru par la femme dans le domaine de l'enseignement supérieur, et cela à une époque où certains esprits tentèrent de lui imposer des restrictions dans le domaine de l'instruction. Sa part dans l'enseignement primaire ne fut guère moindre de celle dont elle bénéficia dans l'enseignement supérieur. Cependant, nous ne pouvons ni omettre, ni négliger que l'enseignement était plus accessible aux jeunes gens qu'aux jeunes filles et que le nombre de jeunes gens cultivés était supérieur à celui des jeunes filles, et cela à cause des difficultés que l'on soulevait lorsqu'il s'agissait de donner à la jeune fille une instruction laïque.

Les esprits sévères rejetaient l'idée de l'éducation des jeunes gens et des jeunes filles dans un même lieu ou en une même école de peur qu'ils se fréquentent. Et , malgré cela, jeunes gens et jeunes filles recevaient l'instruction dans un même Kottab (écoles élémentaires), notamment dans les campagnes et les lieux éloignés, même de nos jours. Au début, les jeunes filles recevaient l'instruction grâce à des instituteurs ou à des parents tout en demeurant chez elles.

La vérité est que l'Islam a reconnu aux femmes le droit à l'instruction jusqu'à l'extrême limite de la science, si la science a toute fois des limites. La femme gravit donc les échelons de l'instruction avec succès: de l'enseignement primaire à l'enseignement secondaire et persévéra dans cette instruction jusqu'à ce qu'elle atteignit l'enseignement universitaire. Elle occupa le poste de juge et se mêla aux affaires politiques. On rencontra parmi elles, des poétesses, des oratrices, des juristes, des doctoresses, des juges et des politiciennes. Beaucoup d'entre elles atteignirent un haut rang dans le domaine de la science. Certaines furent les institutrices de l'Imam Al-Shaféi de savants et d'écrivains célèbres. N'est-ce point là un grand honneur pour elles parmi les femmes des autres religions? Et n'est-ce point là la preuve manifeste de la supériorité de l'éducation islamique découlant de la liberté de l'enseignement, de la démocratie en harmonie avec l'acquisition du savoir et de l'éveil spirituel de l'Islam?

PARALLELE ENTRE LA FEMME MUSULMANE 

ET LA FEMME CHRETIENNE AU MOYEN AGE

  Si nous feuilletons les pages de l'histoire du Moyen Age, nous découvrirons que la femme chrétienne était fort ignorante. Les anciens Grecs- à l'exception des Spartiates- malgré leur raffinement et leur civilisation, considéraient la femme comme un objet de plaisir dont l'homme jouissait à son gré; ils la privaient de l'instruction et de l'égalité sociale; les Allemands. Partageaient cette opinion et disaient: "la bibliothèque de la femme était sa garde-robe." D'autre part, les Français considéraient que le place de la femme devait être chez elle. Par contre, nous voyons que la femme musulmane avait atteint au Moyen Age les plus hauts sommets de la connaissance, du savoir et de l'élévation morale. Pendant l'âge d'or de la civilisation islamique, elle participait à la vie religieuse, sociale et politique de la société musulmane, et, elle a atteint un niveau très élevé, culturel et scientifique. Il en découle, que l'opinion communément répandue parmi les occidentaux qui prétendent que l'ignorance de la femme musulmane découle des enseignements religieux et des traditions islamique est fallacieuse. L'Islam est une religion de connaissance non d'ignorance, de lumière non de ténèbres, il exhorte à l'instruction des femmes et des hommes; seul un esprit fanatique a pu répandre une telle opinion erronée.

Celui qui feuillette le registre de la femme musulmane y trouvera des exemples de la grandeur spirituelle, le souci des valeurs; morales auxquelles on se référait lors de l'éducation de la femme à l'époque de la renaissance islamique. Oui, la femme musulmane a un passé glorieux dont la femme d'aujourd'hui peut être fière, comme elle peut édifier sur ce précieux patrimoine de nouvelles conquêtes spirituelles et scientifiques.

Point n'est besoin de mentionner les bienfaits qui, à la suite de l'éducation des jeunes filles, rejailliraient sur la nation islamique. Les temps où l'on considérait l'éducation de la femme comme une honte, sont révolus. Tout père musulman doit indifféremment instruire ses fils et ses filles. L'instruction du jeune homme ne dépasse pas un seul individu, mais celle de la jeune fille s'étend à toute une famille car la jeune fille d'aujourd'hui est la mère qui, demain, sera l'éducatrice de ses enfants. Si nous jetons un regard sur l'histoire, nous voyons que les mères eurent un grand mérite dans la formation des hommes célèbres.

Il est révolu le temps où la femme musulmane était malheureuse, privée de ses droits, oubliée lorsqu'il était question d'enseignement. Pas un musulman ne peut nier les bienfaits de l'instruction de la femme; cette instruction qui conduit à la vertu, au progrès et à la perfection dans tous les domaines de la vie. Il n'est point honteux de donner de l'instruction à la femme, car cela lui permettrait de gagner sa vie, de compter sur elle-même si elle tombait dans le malheur, ou, si venant à perdre mari ou père la misère s'abattait sur elle. Peut-on dire qu'il soit honteux de donner à la femme la vie par le savoir?

De lui donner la possibilité de travailler? Le travail et le gagne-pain honnête sont-ils une disgrâce? Ou bien la disgrâce est-elle de mendier ou d'avoir recours à des moyens malhonnêtes? Que ferait la femme si elle se trouvait abandonnée entourée de cinq enfants sans ressources ni soutien?

O Musulmans instruisez vos filles! Ne paralysez pas la moitié de la nation! Si la moitié de la nation qui est garante de l'éducation familiale est ignorante comment la nation peut-elle progresser? Aidez la femme à évoluer par l'instruction, la connaissance, l'éducation. Respectez-la car elle est un être humain, égal à vous. Ne l'abandonnez pas ignorante, négligée. Apportez le même soin à l'éducation de vos filles qu'à celle de vos garçons.

La femme est de faible constitution, donnez-lui la force par la connaissance et le savoir, ne l'ensevelissez pas dans l'ignorance, ouvrez devant elle les voies de l'instruction. La femme cultivée est capable des mêmes fonctions que l'homme; elle peut devenir institutrice, professeur, gynécologue, pédiatre ophtalmologue, pathologue dentiste, éducatrice écrivain, compositeur, chercheur, savant, architecte, défenseur des droits de la femme. Réveillez-vous! Hafez Ibrahim a déclaré:

"La mère est une éducatrice: si vous la formez vous formez une nation aux profondes racines."

Et Chawki a dit:

"Si les femmes vivent dans l'ignorance, les hommes se nourrirons d'ignorance et d'inertie.

"N'est point orphelin celui dont les parents ont cessé de vivre et l'ont laissé à l'humiliation; le véritable orphelin est celui dont la mère s'est détournée de ses devoirs et dont le père ne s'occupe pas de lui"

L'intelligence est un don également réparti entre les deux sexes. Il n'est donc pas équitable de s'occuper des garçons au détriment des filles; il serait sage de tirer profit de l'intelligence des dernières dans le domaine de leur action comme nous procédons pour les garçons afin de former un peuple musulmans qui, dans un équilibre harmonieux, allie les deux qualités, fait progresser les pays islamiques et leur rend le patrimoine glorieux de leur âge d'or.

Le droit islamique a permis à la femme de commercer. Il lui a accordé le droit de faire le commerce, celui de propriété, de vendre et d'acheter, de disposer de ses tiens sans prendre l'avis de son mari; il a donné à la femme on tant qu'épouse, mère et sœur le droit d'héritier. L'Islam a donné à la femme le droit de s'instruire, de posséder, d'héritier; c'est une religion qui reposer sur la démocratie et l'équité sociale

CHPITRE  V

LES ASSISES FONDAMENTALES DE L'ENSEIGNEMENT DANS LA PEDAGOGIE ISLAMIQUE

Nous allons expose maintenant les principes fondamentaux que l'Islam a fixé pour l'enseignement de l'enfant, en nous référant aux opinions des savants musulmans tels Al-Ghazali. Ebn Sina, Al-Zarniugy, Al-Abdari et Ebn Khaldoun.

  • De l'âge de fréquenter l'école:

L'âge de fréquenter l'école ne fut pas fixé. Les parents envoyaient leurs enfants dès l'âge de cinq ans; parfois même à six ou sept ans. L'Etat ne leur imposait pas un âge déterminé, car la recherche de la science était une obligatoire pour tout musulman et toute musulmane. Les parents avaient donc la liberté de choisir l'âge opportun pour envoyer leurs enfants au kottab soit ailleurs pour y recevoir l'instruction. Dans son ouvrage madkhal Al-Char'e Al-Sharif, Al-Abdari a critiqué les parents qui envoyaient leurs enfants à l'école élémentaire avant l'âge de sept ans, lorsqu'il rapportait que les ancêtres n'envoyaient leurs enfants qu'à l'âge de sept ans, jusqu'alors les parents se chargeaient de leur enseigner la prière et les devoirs moraux. Aujourd'hui, les enfants vont fort jeunes à l'école; mais toutefois le professeur devrait s'abstenir d'enseigner aux enfants la lecture et l'écriture à l'âge de quatre ans ou de cinq ans car cela les épuiserait physiquement et moralement: et, si les parents envoient leurs enfants à l'école très jeunes, ce n'est point pour leur faire apprendre à lire et à écrire, mais, pour les éloigner du foyer et se reposer de leurs traces.

La pédagogie moderne appuie l'opinion d'Al-Abdari qui refuse le fait d'envoyer les enfants à l'âge de quatre ou cinq ans à l'école. Cependant, si l'on désire le faire, ce serait au jardin d'enfants et leur instruction se fera, alors, au moyen du jeu.

  • De la période que passe l'enfant au kottab (Ecole du village):

Il n'y avait pas de période précise que l'enfant devait passer au kottab pour s'instruire: l'enfant y  était envoyé pour apprendre les rudiments de la lecture et de l'écriture. Il étudiait les sourates du Coran les plus courtes, 'A ma puis celui de Tabarak et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ait appris le Coran en partie ou en entier. Il advenait que l'enfant fréquentât le kottab jusqu'à l'adolescence, il y étudiait alors les enseignements religieux les Traditions du Prophète et aussi le calcul, la grammaire et la poésie.

  • Des méthodes employées dans l'enseignement:

La méthode employée dans l'enseignement donnée aux enfants est différente de cette destinée aux adultes, Al-Ghazali a proclamé ce principe car il y a une différence entre l'entendement de l'enfant et celui de l'adulte. "Le premier devoir du pédagogue est d'enseigner à l'enfant ce qu'il peut facilement assimiler, car les sujets difficiles auront pour résultat la confusion de son esprit et l'aversion pour les études. Cette opinion se range parmi les plus importantes de l'enseignement au XXème siècle. Ebn Khaldoun adhère à ce principe. Il juge lui aussi  qu'il faut tenir compte de l'entendement de l'enfant et de son niveau intellectuel lors de son instruction. Il affirme que "nous voyons actuellement des instituteurs qui sont ignorent des méthodes de l'enseignement et de son utilité. Ils proposent à l'enfant au seuil de l'instruction des problèmes hermétiques et ils réclament leur solution de son intelligence, ils croient que cela lui permettra d'acquérir le savoir et que c'est la méthode adéquate. Le fait d'acquérir le savoir et d'être apte à l'assimiler ne vient que graduellement, et, tout d'abord, l'élève s'avère incapable de ne saisir de l'ensemble qu'une partie au moyen des rapprochements et il n'a une idée de l'ensemble que grâce aux moyens d'illustration. Cette aptitude se développe graduellement grâce aux différentes méthodes et par la répétition; en passant de l'étape des rapprochements à l'assimilation qui lui est immédiatement supérieure jusqu'à ce que se forme l'aptitude de saisir le sens puis d'acquérir la science".

Al-Ghazali, Ebn Khaldoun, et autres penseurs, jugent que la manière de penser de l'enfant diffère de celle de l'adulte et cela doit être pris en considération dans les méthodes de l'enseignement.

  • Eviter l'interpénétration de deux sujets:

Pour faciliter la tache du professeur, Ebn Khaldoun affirme que "le professeur ne doit pas faire interpénétrer deux matières: l'élève en fin de compte n'arrivera à acquérir d'elles aucune, car son esprit se trouvera dispersé et du fait qu'il ne peut se concentrer sur aucune".

  • Le soin accordé aux méthodes d'illustration pour rapprocher le sens de l'enseignement de l'enfant:

C'est ce que visent les pédagogues modernes lors qu'ils incitent le professeur à passer du concret à abstrait afin de faciliter aux élèves la compréhension et l'entendement.

  • La prise en considération des aptitudes particulières des élèves à certaines matières de l'enseignement afin de leur faciliter sa compréhension. Ebn Khaldoun a montré qu'imposer aux élèves des sujets difficiles qui étaient au-dessus de leur entendement conduirait à leur épuisement intellectuel et les pousserait à prendre en aversion les études et le savoir. Il a, en outre, affirmé que les sujets devaient être dans leur facilité et leur difficulté à la portée de l'entendement de l'enfant et a récusé l'opinion de ceux qui demandent que l'on enseignait à l'enfant des matières difficiles alléguant que cela l'aiderait à développer son intelligence. Les pédagogues modernes appuient cette opinion car ils proposent au professeur d'évoluer du plus facile au plus difficile. Ebn Khaldoun est d'accord avec les pédagogues du XXème siècle qui affirme qu'il faut respecter les aptitudes naturelles de l'enfant et en faire le fondement de sa formation. Ils déclarent que la réussite dans un domaine contribuera à la réussite dans les autres matières, que tout succès conduira l'enfant à un autre et que la réussite assouvira la tendance naturelle de l'enfant, à l'élan vers le progrès et à la domination. 

Si les cours sont trop difficiles et les sujets trop ardus l'enfant ne pourra plus les comprendre et il perdra confiance en lui-même ne trouvant pas la nourriture intellectuelle adéquate à son évolution et à son développement.

Nous ne pouvons pas passer sous silence les opinions psychologiques et les remarques pertinentes d'Ebn Khaldoun sur les étapes de la croissance, elles ne diffèrent pas de celles des pédagogues modernes. Il a montré que l'enfance se caractérisait par l'obéissance, le calme et l'absence de soucis. L'éducation islamique, afin d'utiliser les aptitudes naturelles de l'enfant, se fondait sur la nécessite de faire apprendre par cœur et par la mémorisation. Il a, en outre, démontré que l'adolescence se caractérisait par un profond amour de la liberté et de l'indépendance dans l'action et aussi par la haine des liens et de la servitude.

  • L'enseignement de la langue arabe d'abord puis la récitation du Coran:

Lorsque les Arabes frayèrent avec les autres peuples musulmans, la langue arabe fut dénaturée, les erreurs grammaticales, les défectuosités de la prononciation se multiplièrent. Pour cette raison le Cadi Abou Bakr Ebn 'Arabi insistait sur le fait que l'enfant devait étude la langue arabe en premier lieu, ensuite il passerait à l'étude du Coran qui deviendrait alors chose aisée.

Ebn Khaldoun partage cette opinion quand il déclare: "Ce serait une grave erreur d'enseigner à l'enfant le Coran dès son premier contact avec l'enseignement, il lirait alors ce qu'il est incapable de comprendre. Chose qui montrerait de la négligence."

Ebn Khaldoun insiste donc sur le fait qu'il faut prendre en considération l'entendement de l'enfant et ne pas lui imposer l'étude de ce qui est au-dessus de ses moyens; s'il reconnait la valeur de la méthode d'Ebn 'Arabi, cependant, il ne conseille pas de la suivre, car dit-il: "Les coutumes ne facilitent pas son application. Les Musulmans apprenaient très jeunes le Coran, de peur qu'au cours de sa jeunesse, il cessât de l'étudier, perdant ainsi l'occasion de l'apprendre. Ce besoin de mériter les bénédictions du Coran, l'attachement qu'ils professeur pour lui et la peur de perdre l'occasion de l'étudier triomphèrent du principe pédagogique d'Ebn Khadoun qui est l'enseigner à l'enfant ce qu'il peut comprendre, qui est à la hauteur de son entendement et qui satisfait ses penchants ses désirs et ses besoins.

  • L'observation des aptitudes et des tendances de l'enfant lors du chois d'une carrière:

Les pédagogues de l'Islam – et en particulier Ebn Sina- pensaient qu'il fallait prendre en considération les penchants et les aptitudes naturelles de l'élève lors du choix de sa carrière future au service de son pays. Ebn Sina demandait l'analyse des penchants naturels de l'enfant et qu'on les prit comme base en procédant à son orientation et son éducation quand il dit: "Toute profession qui plait à l'enfant n'est pas toujours conforme à ses aptitudes. I l'on pouvait entreprendre les arts et les métiers sur un simple désir ou aspiration sans nécessiter des prédispositions et une adaptation, personne ne serait étranger à la littérature ou démuni d'un métier, car les hommes se jugent parmi les écrivains les plus nobles et les artisans les plus réputés, alors qu'ils n'ont aucun gout pour la littérature ou pour les métiers et qu'ils n'y apprendront rien; et c'est pour cela que le tuteur qui désire choisir pour l'enfant une carrière doit déterminer ses penchants, priser son intelligence, expérimenter et mesurer son entendement et c'est alors qu'il choisira la carrière qui lui convient.

Par ce conseil précieux, Ebn Sina exhorte les parents et les pédagogues qui veulent choisir pour un enfant une profession, de priser les penchants de cet enfant ou ses tendances et les connaitre, d'examiner ses dons, son intelligence et ses facultés afin de choisir la profession qui s'adapte à sa nature et à son intelligence. C'est là une des opinions les plus judicieuses de la pédagogie islamique, et des plus conformes aux courants les plus modernes de l'éducation. Ebn Sina pense qu'il est essentiel de rechercher ce qui s'adapte le plus aux penchants et aux instincts de l'enfant et de le prendre en considération lors du chois de la voie dans laquelle il cherche à s'engager. S'il est enclin à l'étude des sciences religieuses, on l'orientera dans cette voie, s'il désire s'adonner à des travaux pratique, il faut l'y encourager, s'il opte pour les études intellectuelles ou scientifiques, il faut l'y diriger. Il faut donner l'occasion à l'enfant d'étudier ce qu'il aime. Ces principes sont les bases de l'éducation moderne.

L'enfant qui est doué pour les sciences, les mathématiques ne réussira pas dans la littérature. Il n'est guère facile à celui qui est instruit de montrer de la prééminence er du génie et de l'habilité dans toute matière étudiée, mais il peut exceller et se surpasser dans les matières qu'il aime et pour lesquelles il a une préférence; tout instruit est habilité pour ce à quoi il est prédisposé; c'est ce que veut dire Ebn Sina lorsqu'il déclare: "Il se peut que le penchant de l'homme soit incompatible avec les arts et les métiers, il n'y retiendra rien; s'il était facile à l'homme instruit de réaliser  toutes ses aspirations, il serait écrivain, savant mathématiciens ou médecin, ce sont les aptitudes de l'être, son intelligence et sa mentalité, son triomphe ou son échec qui influencent sa réussite ou son insuccès".

Abdel-Rahman Ebn Al-Djawzi (mort en 597 H.) a souligné l'importance des aptitudes naturelles de l'enfant dans l'éducation et leur prise en considération quand il dit: "Les mathématiques ne conviennent qu'à l'homme intelligent; l'homme borné ne peut pas profiter des mathématiques; le lion même s'il est domestiqué depuis son enfance ne se départira pas de sa férocité".

Cela vert dire que l'intelligence et la stupidité décident du succès ou de l'échec dans le domaine scientifique. L'homme intelligent peut briller dans les mathématiques, quant à l'homme borné, il n'y aura jamais accès et ne peut réussir dans tout domaine qui nécessite de l'intelligence et ne peut y exceller. Le lion animal féroce de nature ne se transformera pas en animal domestique doux et inoffensif car l'habitude est une seconde nature. Le poète a dit:

"L'homme qui ne nait pas intelligent ne le deviendra jamais avec l'âge".

Si un homme riche a un fils borné, il ne pourra ni par sa fortune, ni par les soins accordés à son éducation en lui assignant les meilleurs des professeurs, transformer sa bêtise en intelligence. L'intelligence est héréditaire, elle est un don de Dieu. Par l'intelligence est l'homme peut aplanir tous les obstacles. Le degré d'intelligence est déterminé pour tout être: il ne se trouvera ni augmenté ni diminué par l'éducation. L'intelligent l'est par sa nature, il en est de même pour le déficient. Celui qui est intelligent étant enfant, le sera encore quand il deviendra homme, celui qui est déficient aujourd'hui, le sera demain.

Al-Zarnoughi, dans son ouvrage intitulé "Ta'lim Al-Muta'alim" conseille à ce que l'élève ne choisisse pas lui-même la matière qu'il désire étudier mais que le professeur doit y avoir son mot et l'aider à choisir, grâce à son expérience, ce qui lui convient. Il n'y a aucun mal à ce que l'élève choisisse les sujets pour lesquels il est doué, tout en se laissant guider dans ce choix par l'avis du professeur, à condition que celui-ci ne néglige pas les aptitudes personnelles de son élève.

Toutes ces opinions judicieuses sont la preuve tangible de la grandeur des savants de l'Islam et de la maturité de leurs idées dans l'éducation de l'enfant et dans l'étude de sa psychologie, de l'hérédité et des aptitudes naturelles à une époque où les étaient fermés et les idées stériles.

  • Le jeu et les distractions:

Les pédagogues de l'Islam avaient senti l'importance du peu et des distractions pour l'enfant. Les cours terminés dans la salle de classe où régnait le calme, l'enfant qui écoutait la leçon et cherchait à apprendre se sentait envahi par l'ennui et la fatigue: il sentait le besoin de se reposer, de se détendre, de se distraire, aussi lui accordait-on la permission de jouer, parler, bouger, se divertir et se recréer hors de la salle de classe. Les jeux étaient considérés comme un des éléments essentiels de l'éducation intellectuelle, physique et morale? Cela n'est pas étrange. Al-Ghazali conseille de permettre aux enfants de s'adonner, après les cours, à des jeux calmes, non violents en vu de renouveler leur ardeur, à condition qu'ils ne se fatiguent pas.

Le fait de défendre à l'enfant de jouer tue son ardeur, handicape son intelligence et le pousse à la tristesse. Al Abdari confirme la nécessité des jeux, par rapport aux enfants, après le travail. Pour cette raison, toutes les institutions islamiques accordent un congé hebdomadaire, qui dure de jeudi après-midi à samedi matin, des vacances d'été, des congés des fêtes lors du Bairam, et des autres fêtes religieuses tel le jour de l'an de l'Hégire et le jour anniversaire de la naissance du Prophète.

Al-Ghazali déclare:

"Il faut lui (à l'enfant) permettre à la sortie d'al kottab de s'adonner à des jeux gracieux qui le reposent de la fatigue du travail et de façon qu'il n'épuise pas sa vigueur dans le jeu. Défendre au garçon de jouer et le fatiguer par l'étude son, étiole son cœurs, abrutit son intelligence et l'incommode dans son existence, ce qui la poussera à s'en débarrasser.

Cela s'accorde avec les principes de la pédagogie moderne.

CHAPITRE VI

LES METHODE DE L'ENSEIGNEMENT  DANS LA PEDAGOGIE ISLAMIQUE

L'enseignement du Coran:

Avant même d'apprendre à lire et à écrire les enfants apprenaient de coutes sourates du Coran, par la répétition à haute voix. "Sayedna"(notre maitre) récitait de courtes sourates en leur présence et les enfants, en chœur, les répétaient à plusieurs reprises jusqu'à les apprendre par-cœur. "Sayedna" avait parfois recours au "arif" et aux élèves âgés pour enseigner aux débutants. On reprochait à cette méthode de négliger le sens des sourates étudiées, les enfants apprenaient sans comprendre le sens et clarifier sentiment religieux et de faire germer le sens de la vertu et de la pété dans le cœur des jeunes. Les professeurs pensaient que l'enfance était l'âge de l'automatisme et de la mnémotechnie. Le poète a dit:

"Je peux oublier ce que j'ai appris à l'âge d'homme, mais je n'ai pas oublié ce que j'ai appris pendant l'enfance".

Cette opinion est discutable.

Le Coran est un trésor inestimable que nous, les Musulmans, désirons connaitre et conserver, mais l'objection que la pédagogie moderne élève contre cette méthode, est que l'enfant ne devrait pas apprendre de mémoire des textes qu'il ne comprend pas, bien au contraire, elle impose l'explication du sens des mots. Cela aiderait l'enfant à les retenir, or expliquer le Coran n'est pas chose aisée.

Les Musulmans des premiers âges de l'Islam comptaient essentiellement sur la mémoire plus que sur la transcription, car seule une petite minorité savait écrire. Pour cela, les écrivains et les poètes étudiaient de mémoire les vers et les textes qu'ils entendaient, et les Arabes étaient réputés pour leur aptitude à retenir et pour leur prodigieuse mémoire et cela à cause de l'usage qu'ils en faisaient. Ils disaient:

"Le savoir réside dans la mémoire et non pas dans la plume".

Ils disaient aussi:

"Si tu n'est capable d'apprendre par cœur et de retenir, il est vain de collectionner les livres.

"Viendrais-je ignorant au milieu des cecles, alors que mon savoir est enseveli au sein des livres?"

Et ailleurs:

"Il confia le savoir à un manuscrit qu'il perdit. Malheur à celui qui confie le savoir à un manuscrit."

Avant l'Islam, les Arabes s'étaient habitués à retenir les textes sans les comprendre? Ebn Qotaiba déclare dans "Uyun Al-Akhbar": "Les étapes de la connaissance sont les suivants: se taire, écouter, apprendre, comprendre, diffuser".

Certains savants de l'Islam jugent qu'il faut comprendre le texte avant de l'apprendre et de l'assimiler complètement avant de l'étudier par cœur. Citons Ebn Mubarak quand il dit: "Les étapes de la connaissance sont les suivantes: désirer, écouter, comprendre, apprendre, agir, diffuser.

Nous appuyons l'opinion d'Ebn Mubarak quand il pense que l'enfant doit commencer par se préparer à l'étude, puis écouter le professeur, comprendre ce qu'il dit, ensuite apprendre parfaitement ce que le professeur a enseigné, enfin l'appliquer dans sa vie et, en dernier lieu, répandre son savoir.

Dans ses prolégomènes, Ebn Khadon a critiqué cette manière d'enseigner le Coran aux enfants sans leur faire comprendre ce qu'ils apprennent.

Pour rendre l'enseignement efficace, on désigna un professeur pour l'enseignement du Coran et un autre pour celui de la lecture, de l'écriture et de la calligraphie. Les Musulmans accordèrent toute leur attention à la calligraphie et y excellèrent, car ils la classaient parmi les beaux-arts. Pour que les versets du Coran ne s'exposassent pas à être oblitérés sur les tablettes, ils choisissaient de vers et de proverbes pour les exercices de calligraphie et de lecture.

L'enseignement de la poésie aux enfants:

Les philosophes musulmans avaient une manière particulière d'enseigner la poésie. Ils choisissaient des vers faciles au point de vue sens et langues, courts et légers. Ils donnaient la préférence aux vers qui louaient les sentiments nobles et vilipendaient le vice, tels ceux qui vantaient la générosité, ou ceux qui blâmaient l'avarice; ou les vers qui exhortaient à l'amour et à l'obéissance des parents. Ebn Sina dit à ce propos: "Il faut enseigner aux enfants les vers du "ragaz" étant courts et d'un rythme léger s'apprennent et se retiennent facilement. En poésie, il faut commencer par leur enseigner ce qui vante le mérite de la littérature, fait l'éloge de la science, exhorte aux bonnes mœurs, au savoir, blâme l'ignorance et la fatuité, incite à l'amour des parents, aux vertus". Par contre, les pédagogues mettent en garde de faire apprendre aux enfants la poésie amoureuse et lyrique sans portée morale. L'étude de la poésie était un moyen qui permettait d'implanter dans les cœurs les nobles sentiments. Les savants de l'Islam ont médité sur l'effet de la prosodie sur l'âme de l'enfant, et sur le fait de lui inculquer la vertu au moyen de cette étude et en lui faisant apprendre la poésie didactique, facile et aisée. Ils donnaient aux enfants une éducation esthétique et satisfaisaient leur penchant naturel pour la musicalité en leur faisant apprendre des poésies harmonieuses. Bien qu'ils n'aient pas mentionné cela dans leurs ouvrages, nous ne pouvons alléguer qu'ils aient négligé la poésie qui chante animaux, les fleurs et les gestes héroïques.

L'enseignement supérieur:

  • Le droit de s'inscrire dans les Instituts Supérieurs était sans conditions ni restrictions.

Dans la pédagogie islamique, l'enseignement supérieur commençait avec l'adolescence, il durait de cinq à six ans. L'inscription était inconditionnelle, les Instituts accueillaient tous ceux qui désiraient s'instruire et en étaient capables, ils étudiaient alors ce qu'ils désiraient. L'élève choisissait ses professeurs, il assistait aux cours avec assiduité aussi longtemps qu'il le désirait, persévérant dans l'acquisition du savoir tant qu'il était enclin à l'étude et à la connaissance. L'étudiant recevait la science tantôt dans la demeure de son maitre, tantôt ailleurs. Les Musulmans se rendaient à la mosquée pour la prière et l'étude. Seuls ceux qui recherchaient le savoir se rendaient à l'école. Cela révèle que la liberté et la démocratie étaient les piliers de la pédagogie islamique.

  • En quête du savoir:

Cette étape supérieure de la pédagogie islamique se caractérise par les voyages ayant pour but la recherche du savoir, l'élève allait de ville en ville pour le recueillir directement de la bouche d'un maitre éminent en l'une des matières. Le voyage pouvait durer plusieurs années durant lesquelles l'élève visitait un grand nombre de villes islamiques; il allait à la rencontre des savants les plus célèbres pour recueillir le savoir à ses sources premières.

L'élève ne craignait ni distance, ni peine pour  atteindre son but, il allait jusqu'aux confins du monde islamique à la recherche d'un maitre: des élèves de Bokhara ou de Tabaristan se rendaient en Egypte pour s'abreuver du savoir, des élèves d'Andalousie suivaient des cours à Ispahan. Les savants musulmans étaient traités comme étant des citoyens du monde islamique quel que fut leur pays d'origine. Les voyages eurent une influence capitale sur le renouveau de la vie scientifique pratique, intellectuelle, sociale, religieuse et culturelle.

On raconte qu'Ebn Al-'Arabi- philologue célèbre du IIème siècle de l'Hégire- remarqua dans son cours deux hommes qui discutaient. Il demanda au premier:

"D'où viens –tu?"

Il lui répondit:

"Je viens d'Asbigabe (ville proche de la Chine)"

Il demanda à la seconde:

"Et toi?"

Il répliqua:

"Je viens d'Andalousie".

Et il fut très surpris. Ebn Khaldoun a commenté les raisons qui poussaient les Musulmans à entreprendre ces voyages:

"La cause est que les hommes acquièrent les connaissances, les caractères, les doctrines et les vertus dont ils se parent tantôt par l'étude, l'enseignement et les cours, tantôt par l'imitation et l'exemple direct, bien que l'acquisition du savoir directement de ceux qui le possèdent soit plus stable et plus durable. Les connaissances sont plus vite acquises et plus durables d'autant plus que les maitres sont nombreux". Les voyages sont donc dus au désir de recevoir la science des maitres, leur imitation dans leur science, leur conduite morale et la connaissance de leur doctrine.

Al-Hag Khalifa dans son ouvrage "Kashf Al-zounoun" appui l'opinion d'Ebn Khaldoun sur la nécessité des voyages: "La rencontre des hommes de science et la multiplicité des maitres sera d'un grand profit à l'élève dans la connaissance des termes et dans leur distinction parce qu'il a constaté de divergent dans leurs doctrines".

En vérité, le but premier des voyages avait été la récolte des Traditions du Prophète. Lorsque les Musulmans avaient pressenti la nécessité de les transcrire et de les confronter car ils étaient importants dans le domaine religieux et une des sources de la religion. Les élèves partirent de l'empire islamique, au deuxième siècle de l'Hégire, à la recherche des savants et des "rawis" qui avaient été en rapport avec des contemporains ou des Compagnons du Prophète. Ebn 'Abbas rapporte qu'Ebn Shahab avait dit: "Lorsque nous entendions parler d'un des Compagnons du Prophète, s'il acceptait à ce que je le fisse demander pour qu'il vint vers moi et me rapportât ce qu'il savait je m'exécutais mais, (le plus souvent) j'allais vers lui, je me tenais à sa porte jusqu'à ce qu'il sortit et me rapportait ce qu'il savait".

Yehia Ebn Said disait: "Je pouvais marcher des jours et des nuits à la recherche d'une seule Tradition".

Les voyages en quête de la science se poursuivirent à tel point qu'ils devinrent un des piliers de la pédagogie islamique. L'élève tirait un grand profit des voyages, des séjours dans les différents pays, du contact des "imams" des savants, des écrivains, des hommes vertueux aussi bien que de fructueuses expériences pratiques et de précieuses idées scientifiques.

  • Liberté des élèves et des maitres:

Les Instituts islamiques ignoraient le système des classes pour les différentes années d'études ainsi que celui de faire passer des élèves d'une section à l'autre ou d'une classe à l'autre. Les élèves avaient l'entière liberté d'assister aux classes, de choisir leurs maitres. Quant au professeur, c'était lui qui fixait, à son gré, le nombre de cours par semaine et leurs horaires. C'était tantôt après la prière de l'aube, au lever du soleil, après la prière de midi, celle de l'après-midi, ou pendant la période qui sépare le coucher du soleil de la prière du soir. Certains professeurs faisaient des cours journaliers, d'autres des cours hebdomadaires. A l'heure de la prière, les cours cessaient et tout de suite après, élèves et professeurs reprenaient leur travail. A chaque cercle, il y avait un professeur qui enseignait aux élèves qui assistaient.

  • Variété des systèmes et méthode de l'enseignement dans les Instituts supérieurs:

Les Instituts supérieures usaient de systèmes et de méthodes multiples. Les maitres ne se cantonnaient pas dans l'emploi d'une méthode déterminée caractéristique à leur enseignement? Les professeurs dictaient leurs cours de mémoires sans l'aide de notes ou de livres, signe d'une profonde compétence. Si les étudiants étaient nombreux le maitre choisissait un ou deux répétiteurs qui avaient pour devoir de répéter ce qu'il avait déjà dit et cela afin que rien n'échappât aux élèves.

Abou 'Abbas Tha'aleb rapports à propos d'Ebn Al-'Arabi, le célèbre philologue de la Koufa:

"J'ai vu le cercle d'Ebn Al-'Arabi, plus de cent personnes y étaient présentés. Il leur dictait ce qui ferait la charge d'un chameau, sans avoir recours à un livre". Cela est le signe de l'étendue de son savoir, de sa culture et de sa confiance en lui-même.

Les Musulmans instituèrent le poste de répétiteurs:

On raconte qu'Al-Sadid Mohammad Ebn Hebat-Allah le célèbre savant, se chargeait de la répétition des cours à l'école al-Nizamiya de Bagdad.

Le Sheikh Abou Ishak Al-Shirazi Al-Fayrouzabadi, accompagnait Al-Cadi Al- Tabari et le remplaçait quelquefois, Al-Tabari l'avait institué répétiteur de son cours.

Quelquefois, pour introduire le cours, l'élève lisait un court texte de l'ouvrage que le maitre enseignait puis ce denier procédait à l'explication de ce texte, le clarifiait, le commentait pour que les élèves saisissent son contenu.

Le professeur procédait comme suit:

  • Il lisait le texte et l'expliquait.
  • Citait les diverses opinions se rapportant au texte.
  • Exprimait son opinion personnelle et les arguments qui l'appuyaient.
  • Comparait le problème qu'il étudiait aux problèmes similaires.
  • Donnait aux élèves l'occasion de poser des questions auxquelles il répodndait.

Il ne passait point à un autre chapitre avant que les élèves n'eussent parfaitement assimilé celui-ci.

Les professeurs d'entre les Musulmans faisaient leur cours calmement, tout dévoués à leur profession, se parant de hautes vertus et de nobles sentiments. Ils n'enviaient pas leurs collègues, ne commettaient pas d'injustices. Ils ne s'intéressaient pas aux cotés matériels tels les cadres, les augmentations, les promotions, car c'étaient des ascètes qui se suffisaient du minimum pour vivre.

  • Les cours:

Le maitre préparait son cours en inscrivant les divers points dont il allait parler, puis il traitait chaque point avec l'autorité d'un professeur compétent? Les élèves prenaient des notes dans leurs cahiers. Ces maitres n'étaient pas de ceux qui étudiaient leurs cours et débitaient  des choses dont ils ignoraient les sens, mais ils saisissaient parfaitement les idées exprimées et les exposaient avec clarté; comme ils n'étaient pas de ceux qui comptaient sur leurs notes et se tenaient devant leurs élèves, incapables de prononcer un mot si on les privait de leurs notes, c'étaient de véritables savants, ayant une vaste culture et pouvant fort bien se dispenser de consulter des ouvrages ou des notes durant les cours.

Ebn Khaldoun a expliqué dans ses Prolègomènes la manière dont les cours étaient donnés? Il s'est élevé contre les élèves qui comptaient, dans l'étude des sciences, sur les textes résumés, et il encourageait la vaste culture dans ce domaine. On y trouve bon nombre d'idées judicieuses qui concordent avec les principes de la pédagogie moderne relatifs aux sciences. Nous les exposerons comme suit:

Pour que l'élève puisse profiter des nouvelles connaissance, il faut qu'elle ne lui soient pas données d'emblée mais progressivement, peu à peu, le professeur doit commencer par donner à l'élève une idée générale du cours et lui résumer les fondements de chapitre, c'est-à-dire les principales idées qui y sont contenues sans entrer dans les détails, que l'élève serait incapable de saisir au début de la leçon sur cela il doit prendre en considération sa capacité, son aptitude à recueillir ce qui vient d'exprimer et la traiterait avec plus de profondeur, la commenterait en détail, passant ainsi de la synthèse à l'analyse et citerait à l'élève les point de vue et leurs divergences, enfin pour la troisième fois, il reprendrait son explication, mais cette fois avec plus de profondeur sans négliger obscurité, idée importante, ou opinion difficile sans l'éclaircir, lui ouvrant ce qui paraissait scellé."

Ebn Khaldoun pense que le meilleur moyen pour l'élève d'assimiler un sujet est de lui exposer par gradation, il est conforme en cela avec la théorie de la Geschtalt en psychologie. Le professeur commencera par lui donner une idée générale qu'il développera par la suite, tout en tenant compte de ses capacités intellectuelles. L'élève brillant comprendra dès la première fois, celui dont l'intelligence est au-dessus de la moyenne comprendre à la seconde lecture, quant aux autres, ils saisiront à la troisième lecture. Il pense qu'il est essentiel d'appuyer, au début, sur l'idée directrice qu'on développera par la suite graduellement, puis on la commentera en profondeur afin de permettre à tous les élèves sans exception de comprendre.

Al-Abdari propose la méthode suivante: expliquer le sujet, exposer les divers points de vue, choisir celui qui est valable et le comparer aux autres.

Nous voyons donc que la méthode de l'enseignement islamique est logique et ne diffère nullement des méthodes du XXème siècle.

  • Les débuts:

Les débats étaient l'un des traits distinctifs de la pédagogie islamique. Nul ne dépréciait son effet sur la fait d'aiguiser l'intelligence, de stimuler l'argumentation, d'exercer à la promptitude dan l'expression; de prévaloir sur les adversaires et d'habituer à la confiance en soi et le pouvoir d'improviser une réponse. Les  Musulmans considéraient le débat comme l'une des méthodes d'enseignement, ils en prenaient grand soin et en parllerent longuement dans leurs ouvrages. Al-Ghazali triompha dans les débats qui l'opposèrent aux savants et aux penseurs de la coterie du ministre Nizam Al-Mulk.

Al-Sbki disait à propos d'Ismail Ebn Yéhia qu'il était une somme de connaissance et n'avait pas de pair dans l'art du débat. Al-Imam Al-Shaféi dit à son propos: "Il triompherait du diable lui-même dans la discussion."

Les savants encourageaient leurs élèves à la discussion et aux débats et les obligeaient à s'y entrainer. Parfois, il advenait que l'élève ne partageait pas l'avis de son professeur, tout en gardant les limites du respect.

Ebn Khaldoun a critiqué la carence de la vie intellectuelle au Maghreb pendant le XIVème siècle et allègue cela à la méthode de l'enseignement qui négligeait complètement la discussion. Il disait: "Une des meilleures méthodes de l'enseignement est le fait de délier la langue par la discussion et les débats autour des questions scientifiques. Elles les mettent à leur portée et leur permettent d'atteindre le but visé. Nous voyons des élèves qui après avoir fréquenté pendant de longues années les cercles d'études demeurent silencieux, ne prononçant aucun mot et ne participant à aucune discussion, se donnant uniquement la peine d'apprendre de mémoire plus qu'il n'est nécessaire et n'acquérant aucune initiative dans le domaine du savoir et de la connaissance.

Ebn Khaldoun juge que le débat sur des questions scientifiques aide à leur compréhension et leur expression, pour cette raison, il s'élève contre le silence des étudiants et leur abstention à aborder dans des discussion l'objet de leurs études, de même qu'il leur reproche d'étudier par cœur plus qu'il n'est nécessaire.

Le poète a dit:

"Le savoir s'acquiert par la compréhension, l'étude la recherche la réflexion et les débats."

Al-Zarnougy considère qu'une heure de discussion et de débat est plus profitable à un élève qu'un mois à  étudier par cœur et à répéter ses connaissances.

Le soin accordé à la discussion, au débat aux interrogations, aux échanges d'idées eut une influence décisive sur les élèves qui prenaient une part active dans leur éducation personnelle; ils acquirent l'habitude du raisonnement rationnel, de l'expression juste, du sens de la critique, de la force de persuasion, de la confiance en leurs propres capacités et de la liberté de pensée.

Les philosophes de l'Islam avaient la passion des débats et en firent une sorte de distraction, une détente et un plaisir littéraire.

Dans la pédagogie islamique, la tendance à proclamer hautement et publiquement ses idées encourageait maitres et élèves à exceller dans l'éloquence, l'improvisation et dans le pouvoir de s'exprimer. L'éloquence et l'improvisation sont une partie intégrante du patrimoine islamique et furent un objet de fierté pour les Musulmans au cours des siècles. Grace au discours et au débat, ils se passèrent de la rédaction des essais et de mémoires.

  • Méthode appliquée dans l'éducation individuelle:
  • L'éducation islamique individuelle: l'élève jouissait d'une grande liberté, choisissait les matières qui répondaient à ses aptitudes intellectuelles, il choisissait aussi son professeur assistait à ses cours, étudiait ses notes, souvent les préparait afin de les bien assimiler et questionnait son professeur sur ce qui pouvait lui échapper. Il était libre de toute contrainte: ni emploi de temps, ni examens pour passer d'une classe à une autre.
  • L'enseignement par l'étude et la mémorisation:
  • L'enseignement par l'étude et la mémorisation était une habitude commune autrefois comme de nos jours les savants de l'Islam accordaient un grand soin à l'étude du Coran et à la Tradition du Prophète. Ebn Khallikane rapporte dans son livre Wafiyat Al-Ayan" qu'Ebn Hanbal connaissait de mémoire un million de Traditions; quant à Al-Bukhari, il connaissait pendant son enfance, quinze mille. Ebn Asakar rapporte que Daoud Al-Khafaf avait raconté le fait suivant: Ebn Rahawiyeh nous a dicté de mémoire onze mille traditions qu'il nous répéta une seconde fois sans ajouter ni retrancher un seul mot". Cela est le témoignage d'une prodigieuse mémoire. Al-Khalil Ebn Ahmad déclara: "Je transcris tout ce que j'entends, je retiens tout ce que je transcris, je fais usage de tout ce que je transcris."
  • Les savants transcrivaient tout ce qu'ils entendaient, le retenaient et en tiraient profit et cela ne pouvait être que s'ils avaient parfaitement compris le texte.
  • Mouwaffak Al-Din Al-Baghdadi donne le conseil suivant: "Si tu lis un livre prends soin de te le remémorer et d'en posséder le sens, puis imagine-toi qu'il s'est abimé, que tu peux t'en passer et ne t'attriste pas de sa perte."
  • Cela signifie que les élèves accordaient à la compréhension de l'ouvrage le soin qu'ils accordaient à sa mémorisation: ils étudiaient l'ouvrage, de sorte que s'ils venaient à le perdre, cela serait sans importance car alors ils pourraient s'en passer.
  • Nous trouvons dans la littérature arabe de nombreux exemples de mémoires prodigieuses qui retenaient le poème après l'avoir entendu une seule fois.
  • Certains philosophes de l'Islam attribuaient le pouvoir de la mémoire à des causes psychologiques et matérielles comme la continuité de l'étude, la révision et la récapitulation, l'effort consacré à l'étude, l'éloignement des soucis et des douleurs et le fait de se vouer à l'étude dans une atmosphère de calme et de foi.
  • Celui qui étudie cette question relève que le soin accordé à la mémoire était du à des coutumes qui remontent aux premiers âges de l'Islam. La majorité des Arabes était illettrée, elle se fia à la mémoire pour retenir le Coran et les Traditions du Prophète, les enseignements religieux, les lois islamiques, les poèmes et les gestes héroïques.
  • Mais l'attention que les savants portèrent à l'étude et à la révision ne les porta pas à négliger le soin de réfléchir sur ce qu'ils étudiaient, à le commenter, à l'analyser et à en saisir entièrement le sens: l'étude par cœur étant un moyen non une fin vu le grand nombre d'illettrés aux premiers âges de l'Islam.
  • Al-Hag Khalifa dans son ouvrage "Kashf Al-zounoun" souligne l'importance de la réflexion, de l'induction et du passage du vocable au sens et au contenu.
  • Mouwaffak Al-Din Al-Baghdadi proclame: "Il ne te suffit pas d'acquérir le savoir, il faut veiller sur lui pour qu'il croit et ne diminue point, et cela par l'étude, le soin consacré à la mémorisation et à l'acquissions du savoir, la discussion et la compilation".
  • Al-Baghdadi conseille à l'élève d'étudier, de réfléchir, de se meubler l'esprit, de discuter avec ses collègues et cela afin de conserver et d'augmenter son savoir; il conseille au savant de se donner à la compilation d'ouvrage et cela afin d'élargir sa culture et de consolider ses connaissances.
  • Al-Sheikh Bourhane Al-Islam donner à l'élève le conseil suivant: "Il ne doit point écrire quelque chose qu'il ne comprend pas, car cela le porterait à la paresse du caractère et la nonchalance de l'intelligence; il doit faire un effort pour comprendre son professeur, méditer et réfléchir longuement."
  • Peut-on maintenant accuser les Musulmans e compté uniquement sur la mémoire? Et de négliger la compréhension? La pédagogie islamique a accordé autant d'intérêt à la compréhension qu'à l'étude: elle n'a négligé ni la compréhension ni la méditation ni la pensée. Les élèves discutaient fréquemment avec leurs professeurs. Les questions pleuvaient de toute part dès la fin du discours. Les professeurs ne laissaient pas un seul point dans le vague. Tout étudiant avait le droit de poser des questions, d'exprimer son opinion, même si elle était contraire à celle de son professeur. On rapporte qu'Ebn Al-Abbas avait des opinions différentes de celles de ses professeurs. Omar, Ali et Ebn Sabet que l'on range parmi les savants musulmans les plus célèbres. De même l'Imam Malek ne partageait pas toujours l'opinion de ses maitres, devenu professeur, il vit certains de ses élèves s'opposer à lui.
  • Les examens:

Les examens tels que nous les concevons aujourd'hui n'existaient pas dans l'éducation islamique. Ebn Abou Oussaibia cite un seul cas d'examen oral, celui que Sannan Ibn Sabet fit passer aux médecins de l'époque du Khalife Al-Mouktader (Xème siècle).

Les maitres, au lieu de leur faire passer un examen, remettaient aux élèves des certificats ou des diplômes où ils déclaraient que tel élève avait terminé l'étude de tel sujet sous la surveillance de tel maitre. Le but de ce diplôme était de déclarer la capacité et la compétence e l'élève ainsi que son assiduité au cours, ses efforts dans l'étude et la recherche. Le diplôme était un certificat personnel que le maitre délivrait à l'élève sans se référer à un Institut et sans mentionner de titre scientifique.

EPILOGUE

Si nous considérons les efforts que les riches d'entre nos ancêtres musulmans ont consacrés à l'instruction et les biens mobiliers et immobiliers dont ils avaient doté les Instituts, nous pouvons en être fiers. Et si nous comparons l'œuvre des généraux musulmans durant cette première moitié du XXème siècle et celle des gens d'autrefois, nous découvrons que notre négligence dans l'accomplissement de ce devoir religieux et nous reconnaissons notre besoin d'avoir leur foi, leur certitude que la science est sacrée, que la recherche est un acte d'adoration et qu'l requiert leurs largesses et leur générosité afin de fondre des instituts islamiques.

Les riches musulmans comptèrent sur eux-mêmes pour faciliter la tache à ceux qui désiraient s'instruire et non sur les gouvernements et les pays pour entreprendre des projets de quelque importance soient-ils. Ils consacrèrent leurs biens et prodiguèrent de larges sommes pour encourager et répandre le savoir, ils fondèrent des Instituts et des bibliothèques pour encourager les élèves à faire des recherches et à poursuivre leurs études.

Nous ne pouvons oublier que l'occupation des pays musulmans de l'étranger fut la cause de l'analphabétisme, de l'ignorance et de la régression dans les pays islamiques; l'un des principes du colonialisme britannique était le suivant: "Le fruit se détachera de l'arbre s'il est mur."L'orange ou la pomme, devenue mure, se détache de l'oranger et du pommier, et les peuples n'arrivent à la maturité que par le savoir et l'instruction. Si les peuples des pays occupés parvenaient à la maturité grâce à l'instruction, ils se sépareraient de l'arbre qui est l'empire britannique. Pour cette raison la diffusion de l'enseignement fut combattu en Egypte lors de l'occupation britannique et si les sociétés islamiques, comme Al-Gami'ia Al-Khayriyya Al-Samiyya (Société de bienfaisance Islamique) au Caire et dans d'autres villes du pays, et Gami'at Al-Urwa Al-Woska (Société du Lien indissoluble), à  Alexandrie, celle d'Al-Massa'i Al-Mashkoura à Chibin Al-Kom n'avaient pas entrepris de créer des écoles, le nombre de lettrés aurait été minime. Il faut avouer que ces sociétés ont joué un rôle capital dans la diffusion de l'instruction en Egypte.

Nous espérons que viendra le jour où nous célèbrerons la diffusion de l'instruction dans tous les pays islamiques et la suppression de l'analphabétisme; et, que le monde apprendra que le nombre des lettrés est de 100% dans tous les pays islamiques. Ce n'est pas demander l'impossible.

   

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